Braquage TN [Conquête - Présent]

La guerre faisait rage aux quatre coins d’Ecumexy. La Mafia de l’île, éveillée par l’assaut mené par des civils étrangers, remuait le ciel, la terre et la mer dans des échanges de coups qui soufflaient tout sur leur passage. Les habitants, sauvés et réfugiés au campement de fortune, étaient témoins, impuissants, du déchaînement de puissance qui se déroulait sous leurs yeux à la fois tétanisés et terrifiés. Cependant, dans l’ombre de ce tumulte assourdissant, le Renard guettait continuellement sa cible, museau à l’air, reniflant l’odeur du pactole qui se cachait derrière le Parrain, prochainement démasqué à ce rythme, pouvait laisser derrière lui, derrière cette chute inattendue que nul n’aurait pu prévoir.

Dans les ruines de ce qu’était la base des Civils ayant suivi ce mouvement de révolte, situé aux alentours de la Mairie de l’île, une ombre animale se profilait, discrètement, sournoisement. Quelques bruits de pas firent écho dans cet environnement abandonné suite au massacre de la Pègre à cet endroit précis, laissant rapidement la fameuse ombre gagner des couleurs à mesure que la lumière éclaircissait ces traits mystérieusement conservés depuis tout ce temps.

« Krkrkrkr ! Pour soulever autant d’bordel comme ça, on dirait que le moment est arrivé. »





« Wesh amenez-vous les nains d’prairies là ! »

« NAINSQUETAIRES !! »

Des décombres de la Mairie jaillirent trois petits êtres qui sautillèrent de rochers en rochers jusqu’à se poser sur une table, aux côtés du Renard, le sourire aux lèvres.

« Au rapport Chef ! Les Civils ont abattu les officiers envoyés par le Parrain… et grande nouvelle !! »

« Comment ça mon reuf ? »

« Les deux Gouverneurs sont revenus et vont gagner la guerre !! ON EST LIBRES ! »

« Je le savais, j’ai pas du tout cru qu’ils étaient morts ! »

« Menteur ! Tu as pleuré dix jours d'affilés ! »

« BORDEL NON PAS EUX ! CES SALOPES VONT FOUTRE TOUT MON PLAN A L’EAU ! »

Chiper grommela bruyamment en faisant les cents pas, avant s’abattre son poing contre les restes d’un mur qui se déracina, s’écrasant avec fracas au sol.





« Mais Chef ! Je pensais qu’on était des gentils, pourquoi tu te fâches qu’ils reviennent ?! »





« Moi je crois le Chef ! »





« Aucun doute, le Chef m’a dit qu’il était plus intelligent que moi, donc je le suivrai jusqu’au bout ! »

La race des Tontattas, bien connue pour leur naïveté, étaient tombés tête la première dans les belles paroles, les belles promesses faites par l'ancien Ninja TN sous les ordres de Phinks. Banni de Lacoste Island pour avoir essayé de serrer la sœur du Roi, Chiper n'était pas un Renard que les premières difficultés pouvaient arrêter.

De fil en aiguille, sa route de renégat le mena à Ecumexy, où il profita du règne de plus en plus oppressant de la Pègre pour se fondre parmi la foule de Civils. Il avait commencé par dérober la maison et les biens d’un couple de Civils avant de les envoyer en pâture à la Gestapo d’Ecumexy en leur racontant une Histoire si émouvante sur sa grand-mère, que le duo de Civils, pourtant si adorables, s’étaient mis à causer un vacarme nocturne devant un Bar réservé à la Pègre de l’île…

Autant dire que ce fut leur dernière représentation en public.

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Est-ce que ça s’arrête là ? Certainement pas.

Une fois bien installé dans Ecumexy, au milieu de la confusion, Chiper en ajouta plus, beaucoup, beaucoup plus. Querelles intestines provoquées par le miracle de la parlotte façon TN, les mots plus que convaincants, poignants du Renard rusé, provoquèrent entre autres ce que l’île connût rapidement sous les traits de la guerre civile. Humains et Hommes-Poissons se querellèrent en l'absence de leurs deux représentants respectifs et tout s’aggrava par la suite. L'escalade en fut telle, que Don Goldo en personne, vint à la rencontre de ce civil anormal parmi ses semblables et comprit rapidement la situation.

L’ancien Ninja TN, unique au Monde, sous les ordres de Phinks, devint un Lieutenant qui n’était connu que du Parrain lui-même et de son entourage proche. Un Officier parmi les Officiers, qui n’avait aucune visibilité et devait impérativement rester dans l’ombre pour agir en utilisant au mieux ses capacités.

Mais le temps était au changement, et ce vent tempétueux fut apporté par le groupe de Civil dirigés selon les informations récoltées par Loulou le Tontatta, par quatre personnes dont Taka, le Chasseur de Primes influent et puissant, Chef des Odd Ones, ainsi que Kyo, le Maître Kebabier.

« Krkrkr ! Je brille comme un diamant, tu brilles comme une bougie, tu t’éteins quand je souffle, Don Goldo et là… C'est l'heure où tu t'éteins. »

Chiper, quant à lui, était un renard rusé qui avait su se faire une place dans l’ombre de Don Goldo. Il avait profité du chaos provoqué par la guerre civile pour infiltrer la Pègre et se rapprocher du Parrain. Il avait gagné sa confiance en lui rendant de nombreux services, comme éliminer des rivaux, voler des informations ou saboter des opérations. Il avait ainsi accès à ses secrets les plus précieux, notamment l’emplacement de son trésor, qu’il convoitait ardemment. Il attendait le moment opportun pour trahir Don Goldo et s’enfuir avec le butin. Il pensait que ce moment était venu, lorsque les deux Gouverneurs lancèrent leur offensive contre la Pègre, avec l’aide de quelques civils courageux.

« Krkrkr ! C’est maintenant ou jamais ! Je vais me faire la malle avec le pactole ! »

Chiper sortit de l’ombre avec son baluchon et ses trois acolytes Tontattas. Il se dirigea vers les entrepôts où étaient stockées les richesses de Don Goldo. Il savait qu’ils étaient gardés par des hommes de main armés, mais il comptait sur sa ruse et sa rapidité pour les éviter ou les neutraliser. Il espérait également que l’attention de Don Goldo serait détournée par les combats qui faisaient rage aux quatre coins de l’île.

Mais il ne se doutait pas que quelqu’un l’observait depuis une caméra de surveillance cachée dans un coin du hangar. Quelqu’un qui avait reconnu son visage et qui n’était pas du tout content de le voir. Quelqu’un qui avait décidé de lui faire payer sa trahison. Quelqu’un qui était prêt à tout pour protéger le trésor de Don Goldo. Quelqu’un qui n’était autre que Tony, le bras droit autoproclamé du Parrain.

Tony, le bras droit de Don Goldo, en tout cas dans ses rêves de grandeur, était un humain grassouillet aux cheveux courts, noir et aux yeux marrons. Il portait un costume moulant dans un style atypique de Super Héro. Il était le seul à connaître l’emplacement du trésor de Don Goldo, qu’il avait aidé à accumuler au fil des années. Il était aussi le seul à avoir accès au système de sécurité des entrepôts, qu’il avait fait installer et programmer lui-même. Il était loyal envers Don Goldo, qu’il considérait comme son mentor. Il détestait Chiper, qu’il soupçonnait d’être un traître depuis le début. Il avait profité de l’absence de Don Goldo, parti affronter les Civils, puis les Gouverneurs, pour surveiller les entrepôts et attendre le moment où Chiper se montrerait.

« Chiper. Je vois que tu as décidé de nous rendre visite. »

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Chiper se figea en reconnaissant la voix de Tony. Il leva les yeux vers le plafond, où il vit un écran s’allumer, montrant le visage du bras droit, - accordons lui - du Parrain. Il avait un sourire narquois et un regard froid.

« Tony ! Mais qu’est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu étais avec Don Goldo ! »





« Oh, tu sais, je ne pouvais pas laisser son trésor sans surveillance. Surtout quand je sais qu’un traître comme toi rôde dans les parages. »

« Un traître ? Mais de quoi tu parles ? Je suis ton collègue ! Ton frère d’armes ! »

« Ne joue pas les innocents, Chiper. Je sais tout. Je sais que tu es un ancien Ninja TN, banni de Lacoste Island pour avoir tenté de séduire la sœur du Roi. Je sais que tu as infiltré la Pègre en provoquant la guerre civile entre les Humains et les Hommes-Poissons. Je sais que tu as manipulé les Tontattas pour qu’ils te suivent comme des moutons. Et je sais que tu es venu ici pour voler le trésor de Don Goldo. »

« Krkrkr ! Comment tu as su tout ça ? »

« J’ai mes sources, Chiper. Et j’ai aussi des pièges. Tu vois ces lasers qui se sont activés autour de toi ? Ils sont reliés à des explosifs qui vont faire sauter tout le hangar si tu bouges d’un poil. Tu es coincé, Chiper. Tu n’as aucune chance de t’en sortir. »

Chiper regarda autour de lui et vit avec horreur des faisceaux rouges qui formaient un réseau complexe et mortel. Il se rendit compte qu’il était piégé comme un rat. Il se tourna vers ses Nainsquetaires, qui étaient aussi effrayés que lui.

« Qu’est-ce qu’on fait, Chef ? »

« On est foutus, Chef ! »

« Nos chances de nous tirer de ce mauvais pas, sont minces Chef ! »

Chiper réfléchit à toute vitesse. Il devait trouver un moyen de s’échapper avec le butin, sans déclencher les explosifs. Il se souvint alors d’un gadget qu’il avait volé à un des officiers de Don Goldo : une montre qui pouvait émettre un champ magnétique puissant. Il l’avait gardée dans sa poche, pensant qu’elle pourrait lui être utile. Il eut alors une idée.

« Krkrkr ! Ne vous inquiétez pas, les nains ! J’ai un plan ! Suivez-moi ! »

Il sortit la montre de sa poche et l’activa. Il sentit une force invisible l’attirer vers le haut. Il comprit que la montre était attirée par le métal du plafond du hangar. Il s’accrocha à son baluchon et fit signe à ses Nainsquetaires de faire de même. Ils se collèrent à lui et furent soulevés par le champ magnétique.

« Krkrkr ! C’est pas toi qui en serait capable gros sac, tu transpires même assis ! »

Ils se mirent à flotter dans les airs, évitant les lasers qui étaient trop bas pour les atteindre. Ils se dirigèrent vers la sortie du hangar, espérant qu’elle ne soit pas verrouillée. Tony vit leur manœuvre sur son écran et fut furieux.

« Quoi ?! Comment osent-ils ?! Arrêtez-les ! Abattez-les ! »

Tony ordonna à ses gardes de tirer sur Chiper et ses Nainsquetaires avec leurs fusils. Les balles fusèrent dans le hangar, mais elles ne touchèrent pas leur cible, qui était trop rapide et trop haute pour être visée avec précision. Un combat éclata, laissant parler les armes cybernétiques du Tontatta de combat qui se dressa entre ses alliés et ses ennemis.





Un mur de flammes bien plus imposant que son tireur souffla les quelques soldats à la solde du Parrain qui s’étaient alignés pour poursuivre le groupe de braqueurs TN. Une force supérieure, permettant à Riri d’occuper suffisamment les troupes en combinant le tout à sa petite taille, lui permettant de se faufiler entre les rangs ennemis et de semer le chaos le plus total en un instant. Une résistance accrue, permettant au petit Cyborg de repousser les balles qui lui étaient destinées, tout en collant des mandales aux imprudents qui s’avançaient un peu trop.





En hauteur cette fois, c’est Fifi qui couvrait efficacement Chiper en plaçant des balles dans les jambes des soldats adverses. Petit, discret, et une arme parfaite pour en profiter. Le fusil à lunettes permet d’alléger le travail au front de Riri et de gagner les quelques minutes qui allèrent permettre à Loulou d’aider le Renard à sortir de ce guêpier !

Chiper et ses Nainsquetaires atteignirent progressivement la porte du hangar et la poussèrent dans un effort collectif. Elle s’ouvrit avec un grincement, laissant entrer la lumière du jour. Ils virent alors un véhicule garé devant le hangar.

C’était une moto, équipée d’un side-car. Chiper reconnut le modèle : c’était une invention de Loulou, le Nainsquetaire Savant. Il l’avait fabriquée en secret, en utilisant des pièces détachées trouvées dans les entrepôts. Il l’avait cachée là, en attendant le moment de s’en servir.

« Krkrkr ! Parfait ! C’est notre ticket de sortie ! »

Chiper désactiva la montre et se laissa tomber sur le véhicule, suivi par les Nainsquetaires. Il mit le baluchon dans le side-car et démarra le moteur. La moto volante s’éleva dans les airs, en faisant un bruit de réacteur.

« Krkrkr ! On se casse ! »

Il appuya sur l’accélérateur et s’éloigna du hangar, en direction de la mer. Il se moqua de Tony, qui hurlait de rage sur son écran.

« Krkrkr ! Au revoir, Tony ! Merci pour le cadeau ! Trouduc va ! Bahahahahaha !! »

Il fit un signe de la main - un doigt - à son ancien collègue, qui ne put que le regarder s’enfuir avec le trésor de Don Goldo.

Chiper et ses Nainsquetaires s’envolèrent vers l’horizon, en riant aux éclats. Ils avaient réussi leur coup. Ils étaient riches et libres.

« Krkrkr ! Tout dans leur Pétou à ces macaques ! »

« Vive le Chef ! Vive Chiper ! »

« NAINSQUETAIRES !! »