Boogie Woogie Feng shui

Dans mon corps de métier, on est rarement le réceptacle de la gratitude, et encore moins de la gratitude, si l’on omet la petite frappe du quartier qui rêve de grandeur et les comptables. C’est donc avec circonspection que j’ai vu affluer des flots de types plus ou moins malins, souvent à l’hygiène doutable, et plus rarement de gens à l’air convenable, en apparence. J’ai tout d’abord ignoré cet amalgame hétéroclite d'admirateurs, n’hésitant pas à rejoindre la partie immergée, ou partir en voyage, jusqu’à ce que mes compatriotes rejoigne à la fête. Le plus troublant était les quelques zigues, achalandés en produits estampillés à mon image, souvenirs d’une vie de gladiature. Face à cette masse de désœuvré, j’ai fini par les mettre à l’ouvrage, les faisant participer à la réparation d’Excumexy, d’autres au Del Janeiro, et les derniers à édifier un tas de planches qui servira de logement. La vaste majorité des fans de “l’enfant karaté” n’y voyaient qu’un entraînement déguisé. Certains d'entre eux ont cela dit commencé à avoir des doutes quand ils ont commencé à donner dans la rue des flyers pour des kébab à moitié prix, tandis que d'autres agitaient des broches de kébab en polystyrène.

C’est à ce moment là que j’ai pris ma décision, face à une armées de types sans avenir, en dogeza qui implore de leur enseigner mon art, j’ai énoncé la création de mon dojo. Et bombardé l’architecte de Kyo d’une série de plans, croquis, demandes, et exigences pour donner un avenir à cette marée de type qui se sont dis que si un homme-poisson chasseur de prime a pu libérer une île, il sera certainement quoi faire de leur avenir. C’est ainsi que naquit le dojo de la grandeur, et la section Kogoro. Le premier voué à ceux qui recherchait la force avant le pouvoir, la liberté avant la domination, et la maîtrise de soi au déchainement. Le second pour tout ceux qui malgré leur nouvelle force désirait le pouvoir de l’argent et de la renommée. Du moins en théorie, si ça se trouve, ils sont tous complètement con, et n'y verront que comme une manière de faire la bagarre pour s'acheter des nouvelles baskets.

Bien sûr, je ne laisse pas en reste mes deux acolytes qui ont permis la libération de l’île, et je leur ai aussi offert un avenir, ou tout du moins, une raison d’être. Un bar à animer, à fournir, et à gérer, des clients à rencontrer, et des histoires à écouter. Une salle de jeux, et un refuge et base pour les chasseurs. Rien de forcément gratuit, mais qu’est ce que l’argent après tout, il va et vient, et qui pourrait dépenser des milliards autrement qu’en les brûlant ? Alors autant les faire profiter aux autres, pour que eux aussi avancent sur la voie de la grandeur et de la liberté. Puis bon, j'avoue que se balader avec 300 kilos de billets dans les poches, on s'en lasse vite.

Car oui hein ! Tout le monde est là, wow tu as gagné trois milliards sur une prime, et partagé tes gains, mais ce qu'ils savent pas, c'est que la marine, paye exclusivement en coupures de 10 000 berrys, souvent dans des valisette en aluminium. Vous vous rendez compte ce que ça fait 1 milliards en petites coupures ? 100 000 grammes, et oui, 50 000 grammes dans chaque poche ça donne l'air con, surtout quand les vêtements ne sont pas prévu pour supporter un tel poids, et encore moins le plancher. Vous savez ce que ça fait de ne pas réussir à monter un escalier car votre poids détruit la première marche ? Moi je sais ! Et les banquiers j'en parle même pas ! "désolé monsieur, mais nous ne pouvons pas recueillir une somme d'un milliard, figurez vous que cela fait à peu près 16 km de billets d'après mes calculs savants, et nous ne disposons pas d'un coffre assez grand, pourriez vous demander au gouvernement d'éditer des billets de un millions pour la prochaine fois ?". Et le mec me dit ça droit dans les yeux, alors que j'ai tout dans les mallettes que j'ai sous les mains. Il est important de préciser que je dois rendre les mallettes au bout d'une semaine, comme il s'agit de prototype d'espace infini développé par Métafunk.

L’architecte se triture les mains, il rehausse ses petites lunettes, et jette un coup d’œil à ses petits plans. Les fondations du Del Janeiro 3.0 ont été largement effectué, cela ressembla vaguement à un énorme plateau, à perte de vue, et des embryons de structures commencent à être érigé. Le projet est titanesque.

-Je vous le répète monsieur Kogoro, il n’est pas possible de créer une source thermale sur un bateau artificiel et volant.
-Petit malin, va !


J’enfourne ma pogne dans une poche et en ressort une liasse dodues que je lui enfonce dans la main. C'est avec un certain plaisir, et un léger soulagement que je vois le type fléchir les genoux sous le poids de la liasse. J'ai décidé de lui donner un petit nom "Vide-poche". Je ne lui demande pas de faire de la magie, juste d’atteindre ses objectifs. Les travaux ont bien avancé, Kyo s’est érigé un impressionnant restaurant, du genre de ceux qu’on ne retrouve qu’à proximité du sang bleu. Bien que j’apprécie le faste de ce genre d’établissement, je regrette la gargote familiale du kébabier. J’ai du mal à y voir autre chose qu’une folie des grandeurs, mais on pourrait dire la même chose de son projet massif d’île artificielle dédiée au plaisir et à la liberté. Après si ça se trouve, il en avait marre de voir les couture de sa veste craquer sous le flouze.

Quoiqu'il en soit, son rêve m’a fait rêver d’un espace de liberté, dépourvu de hiérarchie, de compétition et de tranquillité. Tant que cela ne devient pas une mare stagnante de luxe, sans plus aucun progrès personnel, ma voie personnelle cherche la liberté par la force, lui par la liberté, et j’ai peur de rouiller dans un environnement si propret, heureusement qu’il me restera mon dojo et mes missions de chasses de primes. A moins qu’un jour, je ne découvre que la force réside dans la passation de flambeau.

Les travaux ont bien avancé, les bains ne sont pas encore tout à fait opérationnels, mais le dojo l’est, tous les jours, une foule de disciples se pressent aux portes de l'édifice pour participer à mon enseignement. Beaucoup sont ceux qui abandonnent, mais pour les plus assouvis, je vois en eux de futurs compagnons, ou tout du moins, des personnes dignes de propager les valeurs et formes du Takaraté. Personne n’échappe au destin, j’ai passé une de mes vies à fuir les responsabilité d’un dojo, et m’en voilà à la tête de l’un d’entres eux. Le cours de la matinée vient sur sa fin, et les quelques apprenants encore en lice s'exercent aux techniques.

-Non ! Ton coup fait trop de Pfuhaaaaa, il devrait faire pfuaHaaaa !



Je montre une dernière fois l'enchaînement, et annonce que Taka Jr, haut de 5 mois et cent fois plus compétent que la vaste majorité de mes disciples donnera les cours de cet après midi et ceux de remédiation en soirée. Le type manque essaye encore quelques fois, mais manque de finesse, je lui propose donc de se renforcer l'esprit en restant une journée entière sous la cascade de la mort, dans nos thermes, un espace tout à fait charmant avec une douche tout à faire agréable, mais que mes apprentis semblent redouter. Elle me rend un peu nostalgique d’ailleurs, il est rare, de pouvoir sentir sur ses épaules tout l'océan, comme à la maison lorsqu'on prend une douche sur la terre ferme.

Je sors à l’air libre, admirant la fin des travaux, les ouvriers qui posent des arbres, posent les derniers coups de pinceaux, et j’hume l’air marin, aujourd’hui sera une bonne journée, même si je ne sais pas encore comment l’occuper. Je vais peut être commencer par me prendre à manger, puis lancer des billets aux mouettes pour qu'elles aient s'acheter un kébab au lieu de voler celui des passants.... je vais un peu loin dans la pédagogie là non ?