La grande évasion [FB 1542 / Spike]

La grande évasion

Décidément, le lutin était lancé dans une sorte de frénésie artistique des plus agitée. Sous les yeux agacés du chef de clan, le tontatta s'en donnait à cœur joie, allant jusqu'à créer une haie d'honneur lugubre jusqu'à la porte, dressée grâce aux corps découpés des geôliers. En voyant cela, Fujin se dit que ce petit être était vraiment taré, ce qui lui plaisait bien.
Ce bonhomme était clairement le genre d'individu que l'on sous estimerait au premier regard, à cause de sa taille minuscule, mais qui cache en vérité une folie mesquine et une sacré paire de couilles. En d'autres termes, Spike commençait à doucement gagner le respect du roi sauvage.

Tout ceci était bien amusant, mais fallait tout de même que le lutin se dépêche, parce que le balafré en avait plus que marre d'attendre de retrouver son corps. Voilà d'ailleurs revenir le roi de cœur vers l'autre empereur, enfin décider à rafistoler son acolyte. Problème, il n'en fit qu'à sa tête encore une fois et avec toute la négligence qu'il était possible d'avoir, rendit son corps au zoan en y ajoutant des parties de corps des geôliers, faisant de celui-ci un amoncellement d'individus, dont la vision répugnerait même un zombie.
Contrarié, Fujin examinait son nouveau physique avec des yeux impassible, avant de soupirer en levant les yeux le côté droit, où se trouvait Spike, debout et titubant sur son épaule. Il aurait largement put avoir mieux comme partenaire pour s'évader se dit-il, alors que l'alarme s'était mise à sonner dans la foulée.
Cependant, il y avait un détail réconfortant, puisque malgré tout, il avait bel et bien récupérer son corps, car c'est sur celui ci qu'aura été greffé les parties étrangères. De surcroît, sa volonté étant bien plus grande que les propriétaires des excroissances dont était pourvu le balafré. Ce qui lui permit d'avoir toute sa conscience, et de se sentir à peu près normal, si ce n'est des démangeaisons partout sur le corps, ainsi qu'une étrange sensation de ne plus être qu'un.

Juste pour faire un test de possession de ses moyens, Fujin laissa émaner de lui une légère quantité de son fluide royal, se manifestant autour de lui comme une fine couche translucide et écarlate. Cette action eut pour effet secondaire de paralyser les parties non désirées de son corps, lui donnant un peu plus l'impression de se sentir bien, chose qui fit affluer un soupçon d'excitation en son être. Le soucis c'est qu'il y avait toujours ces bandages qui l'empêchait d'être complètement lui même.

Grace à tous les bras dont était munit le sauvage, l'un des siens avait été épargné par les entraves, lui permettant ainsi de se voir.
Empoignant fermement l'une des bandelettes, une aura cramoisie enveloppa sa main, crispant ses doigts subitement pour enfin tirer furieusement sur cette matière bien trop résistante pour céder du premier coup. Enragé par la solidité de cette chose, Fujin entra en furie, hurlant à pleins poumons toute la colère qu'il contenait et qui allait bientôt se déverser dans toutes la prison. D'un geste sec et puissant, la frénésie du colosse vint à bout de ses entraves.
Après avoir fais muter l'un de ses ongles en griffes, le chef de clan fut totalement rassuré. L'heure était venue de partir d'ici pour retrouver son clan, pensât-il en laissant se dessiner un sourire carnassier sur son visage, défiguré par l'amalgame de corps.


Ignorant les railleries d'un Valvran en perdition émotionnel suite à cette humiliation, cette trahison par son nouveau bébé familier, le balafré avança vers la porte. S'arrêtant net juste devant, le chef de clan prit une position de combat abaissant son centre de gravité, armant son poing droit recouvert d'écailles bleus, puis arriva l'instant où il frappa d'un seul geste vif, en ayant les phalanges frôlant à peine le métal. Il ne fallut qu'une fraction de seconde pour que la porte blindé ne soit pulvérisée, emportant avec elle une partie du mur dans laquelle elle était encastrée. Les débris projetés par l'impact assommèrent une partie de la troupe envoyé en renfort au sous sol, pour neutraliser nos deux comparses.

À leur arrivée sur les lieux, le groupe de gardiens mit en joug l'entrée détruite de la salle de torture, dont l'intérieur était masqué momentanément par la poussière des débris. C'est là que sortiraient Spike et Fujin des ténèbres, horrifiant d'ailleurs leurs assaillants par l'allure macabre du roi sauvage, se demandant d'où pouvait bien sortir cette créature immonde et repoussante, si ce n'était du purgatoire lui même.