Enchères et en Os [Ft. Lucifier]

La vie en tant que Shichibukai n’était pas si désagréable après tout, cela me changeait de ma vie en tant que forban. Je pouvais à présent naviguer sous les projecteurs sans avoir à craindre que le gouvernement mondial me tombe dessus. Même une ombre avait besoin de s’épanouir dans la lumière pour pouvoir exister. Assez paradoxale, quand on sait que j’avais une sainte horreur de la lumière, préférant les zones ombrageuses. Surtout que la lumière vive m’écœurait. Étant le fils du diable, je trouvais assez normal de me plaire dans les ténèbres. Quoi qu’il en soit, je n’en restais pas moins une ombre. Une ombre opérant sous la lumière. J’allais profiter de cet avantage pour me glisser dans les draps du représentant du faux dieu sans éveiller ses soupçons. Attention, j’étais largement conscient de ne pas avoir endormi complètement la vigilance d’un bon nombre de leur profane, mais cela n’entachait en rien à mes plans.

Mes Yeux bleus dissimulés sous un masque en bois aux allures mortuaire et féodal, peint à l’effigie d’une ancienne divinité du feu au pays de Wa no kuni, scrutait le paysage lumineux que m’offrait l’île. D’ailleurs, le ciel sombre, parsemé d’étoiles, embellissait ce décor à la fois moderne et majestueux. Du haut de mon balcon, j’avais une vue panoramique sur l’horizon et la pollution lumineuse qui gangrenait ce morceau de terre. Néanmoins, cela m’offrait un buffet d’ombres à collecter en cas de nécessité. Le destin m’avait offert la capacité de me servir de ces morceaux d’âmes pour ma propre sécurité et je n’allais pas m’en priver.

Voilà plusieurs jours, que j’avais fini par accoster au royaume de l’opulence. Toujours à la poursuite d’une chimère, dont l’existence venait à être remise en question. Comme à mon habitude, je passais le plus clair de mon temps à suivre les rumeurs. Toute information qui me permettrait de raser le gouvernement mondial était bonne à apprendre. La légende des ponéglyphes en était une, mais malheureusement mon capitaine avait disparu avant même de m’en apprendre un peu plus.

Tout était-il que, depuis mon arrivée, je mettais arrangé à ne croiser personne. Je n’avais pas encore pris mes marques dans cet environnement avec la disparition soudaine de l’un des invités. En effet, j’étais parvenu à mettre la main sur la fameuse carte d’invitation, celle qui me rapprochera un peu plus de la vérité, dans la poche d’un cadavre enterré à l’abri des regards. Qui pleurera ce pauvre criminel ? Quoi qu’il en soit, on nous invita à rejoindre les autres convives au quatorzième étage pour participer à une réception pour le moins particulière.


Le casino était bondé, il m’était difficile de m’effrayer un passage sans pour autant bousculer quelques personnes. Un parfum d’alcool et de luxure agressait mes narines, pendant que le son des machines à sou percutait mes oreilles. Difficile de se fondre dans la masse, avec des vêtements qui ne respectait pas le code vestimentaire d’un tel endroit. Une cape noire à capuche recouvrant ma tête et mon corps. Heureusement que je n’étais pas le seul convive à me vêtir de façon personnalisée. Seul le masque respectait un temps sois peu le thème. Tellement occupé à dépenser pour tout et n’importe quoi, personne ne faisait attention à moi. La pègre y sévissait, entourée de la pire racaille.

Je parvins à franchir la sécurité après avoir présenté ma carte d’invitation, saisissant une pancarte avec le chiffre 18 qui était l’addition du 666. Guidé par une ravissante hôtesse au regard aguicheur, je pus m’installer à mi-hauteur dans cet amphithéâtre, qui nous offrait une vue plongeante sur la scène. Buvant les paroles du speaker avant que notre hôte ne daigne se montrer. Un millard de Berry pour une simple toile ! pathétique.  

La valeur de l’œuvre n’arrêtait pas de grimper à chaque levée de pancarte, frôlant même l’absurdité de la conscience humaine. Je n’avais aucun respect pour ceux qui ne faisait pas la différence. Le pouvoir s’était ce vieux galion construit en bois D’Adam fait pour durer des siècles. Je n’avais aucun respect pour ceux qui ne faisait pas la différence. N’oubliant pas aussi, que l’argent pouvait révéler la vraie nature des hommes et faire de vos amis vos pires ennemis.

Confortablement assis, les mains jointes au niveau de ma bouche, elle-même dissimulée sous un masque, j’observais avec un regard plein de malice la cupidité humaine. Le spectacle affligeant que m’offrait ce parterre ravivait mon enthousiasme à ramener mon divin père parmi les vivants. Le monde était à l’image des ténèbres, nous n’aurons pas besoin de le remodeler. Tout ceci me poussait à accélérer les choses avec tout même une certaine prudence. Moi qui pensais m’ennuyer en attendant de pouvoir m’entretenir avec l’organisateur de cette vente, j’avais complètement tout faux. L’ensemble de la salle me donnait une idée assez approximative de la mentalité humaine. L’argent était comme une caravelle neuve, haut de gamme, qui tombait en ruine au bout de vingt ans.

Quant à l’organisation, les informations que j’avais pu récolter n’étaient toujours pas en mesure de me renseigner avec précision sur le fonctionnement de l’underground, au contraire, elle la rendait encore plus complexe à concevoir.

En somme, cette organisation attirait non seulement les pires criminels que pouvait regorger les océans, mais également des civils, et même des agents du gouvernement. D’où la nécessité d’un port du masque. D’ailleurs, la fameuse toile dont la valeur frôlait l’hystérie venait d’être acquise par nos chers amis du Cipher Pol. C’était à se demander ; que ferait-il avec une toile qui représentait les conséquences de leur tyrannie ? En tout cas, leur présence ne pouvait signifier qu’une chose, les dragons célestes étaient prêt à mettre le prix pour détruire toutes trace rapprochant quiconque du siècle oublié. Si le fameux Ego était capable de déplacer des agents du gouvernement à ce type d’événement, il devait disposer de bien plus de ressource que je l’aurai imaginé, et même détenir une forte influence sur le représentant du faux dieu. Une influence pouvant se traduire par des informations. J’avais donc frappé à la bonne porte.

Mon désintéressement total face à l’absurdité de la conscience humaine n’altérerait en rien le bon déroulement de la vente. J’étais même parvenu à me complaire dans cet océan de banalité. La cupidité de l’espèce humaine dans toute sa splendeur, avait atteint de telles proportions, qu’ils étaient même plus capables de faire la distinction entre le bien et le mal. Frontière qui se retrouvait fragilisée. C’était particulièrement jouissif de m’y baigner dans cet océan de ténèbres, mais d’un autre côté cela pouvait s’avérer être très dangereux. L’argent n’était plus un moyen, mais une fin en soi, rendant cette espèce assez corruptible pour ne pas dire faible d’esprit.

En quoi cela menace les sombres projets de mon divin père, vous me direz ?! Sauf que, pour quelques billets, nos futurs agents des ténèbres seraient capables de nous trahir. Pour acheter à des prix exorbitants une vulgaire statue représentant une princesse sans importance ou je ne sais quoi d’autre. Quoi qu’il en soit, je m’attendais à plus de la part des agents du faux dieu. Qu’ils puissent couvrir cette vente s’était une chose, mais s’acheter des babioles sans importance était une autre.

Plus le temps passait, plus je commençais à m’ennuyer. Cette fois-ci, ce fut le poing plaqué contre ma joue, que j’observais, en tant que spectateur indifférent, le reste de la soirée. Mon intérêt sur leur comportement s’était dissipé, mais ma patience demeurait intacte. Jusqu’à l’apparition d’un bouquin pour le moins étrange. Le caractère rarissime qu’il renfermait, mystifié par les éloges que notre hôte semblait mettre en lumière, attisait ma curiosité refoulée. Il était peut-être difficile d’apercevoir mon enthousiasme à travers ce masque, mais lorsque des mots telles que, auteur inconnu, personne oubliée, rugissait depuis l’estrade, comment ne peut pas y prêter attention. Ma posture restait la même, mais mon bras se leva afin de hisser ma pancarte, le plus haut possible.

Le Necronomicon, l’appelait-il. Sa date de parution et son auteur étaient inconnus, pour ne pas dire oublier. Avait-il un rapport avec le siècle oublié ? Même les organisateurs semblaient ignorer sa provenance. L’ouvrage pourrait renfermer des connaissances occultes sur l'histoire secrète de notre monde. La méfiance qu’il suscitait vis-à-vis des organisateurs ne faisait que renforcer mon intérêt. Le livre semblait être entouré d'un voile de mystère et de danger, et son contenu pourrait potentiellement changer la face du monde. Voir même être un danger pour son possesseur.

Par contre, la mention « âme sensible s’abstenir » ne m’avait pas pour autant empêcher de soulever ma pancarte. Au contraire, plus il était dangereux plus il pouvait potentiellement détenir des informations compromettantes pour le représentant du faux dieu.

Le prix de départ pour le Necronomicon était stupéfiant, ce qui suggérait que les organisateurs de la vente aux enchères estimaient que le livre était extrêmement précieux. En fin de compte, j’étais très curieux de savoir ce que le Necronomicon renfermait et comment il pourrait potentiellement changer le monde. Cependant, j’étais également conscient des risques qui pourraient en découler sur la possession de ce livre mystérieux et dangereux.

L’argent n’était pas un problème, mais les représentants du faux dieu, oui. D’ailleurs, ils ne tardèrent pas à faire preuve d’hostilité, quitte à se montrer condescendant vis-à-vis de leur hôte. Anti-gouvernemental, déblatéraient-ils. Tant mieux, une énième raison pour chercher à me l’emparer. En toute humilité, je ne cherchais pas non plus les problèmes. Surtout que la tension montait dangereusement dans la salle. La sécurité se mit en position pour contraindre les agents du gouvernement à libérer la salle.

La panique qui régnait dans la salle était amusante, enfin les choses commençaient à bouger. L’altercation qui s’ensuivit entre l’un des agents du CP et le fameux Ego, m’amusa beaucoup sous mon masque. Je venais d’être témoin ce dont il était capable. Une technique réservé aux agents du gouvernement, suivis d'une étrange capacité, que je ne pourrais expliquer. Pas de doute, il s’agissait d’un maudit.

Je me Languinais de leur spectacle, assis confortablement sur mon fauteuil. D’autres confrontations avaient débuté dans la salle tandis que le reste des invités tentèrent de prendre la poudre d’escampette. Étant à l’aise dans le chaos plutôt que dans l’harmonie, notamment durant les cris de souffrance du pauvre homme, victime des capacités du maudit, je me faufilais telle une ombre en toute discrétion vers l’estrade avant de légèrement surprendre notre hôte à trois pas de lui.

-Pour le numéro dix-huit, Cinq-cents Milliard deux fois ?! Quelqu'un autre avant que celle offre ne parte ?

-Veuillez m’excuser, coupai-je, en levant mes bras dans le but de paraître moins menaçant, d’ailleurs je ne dégageais aucune hostilité, je suis prêt à me plier à vos règles, mais je doute qu’avec toutes cette agitation qu’une contre-offre puisse être fait. Quoi qu’il en soit, votre prix sera le mien et j’aimerai également m’entretenir en privé avec vous, appelez-moi Darkness.