Cher
Spike,
J’ai bien reçu ton courrier du cœur et en ai apprécié les mots. Mon kokoro fait dokidoki de savoir que même les plus petits apprennent à écrire au papa Minoël. Figure-toi que j’ai, moi aussi, des petites mains pour accomplir de nombreuses tâches. Et, comme toi, je fais avec les parties du corps des autres. On dit qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Voilà pourquoi il faut donner à autrui l’opportunité de mal faire pour réprimander.
Je ne peux malheureusement te donner mon cœur car il est déjà à Maman Minoëlle. Tu pourrais tenter de me le voler ou de tuer ma chère et tendre, me diras-tu ? Tu n’en tirerais rien. Elle est si coulante envers les autres que tu n’obtiendrais qu’un cœur fondant. Et je ne dis pas ça à cause de son mauvais cholestérol ! M’enfin, un peu de tapis roulant ça serait pas mal quand même... Tu as une petite amie, Spike ? Je t’en offrirais bien une, mais tu lui briserais le cœur et, comme on dit chez les frères de Lacoste, le cœur à ses raisons que l’arraison ignore, wesh !
Puisqu’il t’est impossible d’être le mange-coeur des autres, je vais t’offrir de quoi cultiver ton jardin secret. Tu trouveras un sac de graines avec cette lettre. Si tu ne les as pas toutes mangées en me lisant, tu pourras découvrir que ce sont des graines de tomate cœur de beauf. Cette variété donne à quiconque en mange la capacité de devenir un kéké, un graveleux, un baraki de kermesse durant le reste de la scène. Ta cible fera des blagues douteuses sur les clichés de ce monde, trouvera que tout est moins bien que sur son île natale et ne pourra plus avoir pour lecture de journal que la page des sports, à l’exception de quelques vidéos sur les espoirs féminins des différentes disciplines à maillot ou culottes courtes. La cœur de beauf s’accompagne très bien de viande recomposée et à très bas prix ou de rations qu’il suffit de mettre au dialondes. Tes victimes refuseront tout aliment qualitatif et préféreront parler d’armes (surtout de meitous et de logias) et de customisation de navires plutôt que de géopolitique globale. Bien sûr, ils seront fans de Carotte Z, une bande dessinée où des gens à moitié zoans font des attaques qui détruisent des systèmes solaires et où le débat est toujours de savoir si un protagoniste se retient et qui est plus fort que qui. En lançant une mine à pronostiques dans une salle régalée de cœur de beauf, tu t’assureras une dispute de grande envergure avec une bagarre générale où chacun hurle ses attaques.
Libre à toi de collecter les cœurs des victimes. Avant que tu te dises que chaque tomate peut te donner cent nouvelles graines, permets-moi juste de modérer cette ambition. Tu as de quoi jouer farces sur farces avec le sac que tu as, mais les plants seront stériles. Ne pense pas à créer des armes absolues de discorde en envahissant le marché mondial de la tomate. Cependant, avec cette réserve, tu devrais pouvoir rendre zinzins une île entière. Et nous, on aime la zinzolade de fruits, jolie jolie jolie. La tomate est un fruit, si tu l’ignorais. Et c’est aussi un légume. C’est les deux, comme les olives. Les olives et tom.
Joyeux Minoël à toi, le farfadet et bons cinq fruits et légumes par jour. Tant que ce ne sont pas des pastèques...
PS : Certaines personnes correspondent déjà en tout point ou presque à l’effet de la cœur de beauf. Ceux-là trouveront juste que tes tomates sont bonnes, même si ça ne vaudra pas celles de leur île natale.
***
Marcel,
Je viens d’écrire ta lettre. Rengainé ma plume d’acier. Le papier est plein d’encre. Là, il sèche. Marcel, la fête commence juste, mais avant d’aller au traîneau je dois te parler, à toi, dont les cloches de Minoël sonnent au fond de ton esprit. C’est une sorte de magie.
Est-ce la réalité ? Est-ce juste imaginaire ? Tu fais bien de ne pas t’inquiéter du cas de Bart. Les pauvres garçons n’ont pas besoin de compassion. Qu’ils ne croient pas, jouent le cynisme et attendent, un jour entier. Que si je ne suis pas de retour le lendemain pour leur livrer leurs exigences d’enfants-dieux, qu’ils continuent à vivre leur vie. Continuent comme si rien n’était grave. Il y a plein de façon de faire mal à un homme, de le mettre à terre. Tu peux le battre, tu peux le tromper, le maltraiter et le laisser tomber quand il est au plus mal. Mais nous sommes prêts, Marcel. Nous sommes prêts pour eux.
Dans mon cas, je veux juste conduire mon traîneau. Je veux le conduire où je veux. Et c’est souvent dans la gueule. Tu devrais m’accompagner un jour. Es-tu prêt ? Es-tu prêt pour ça ? Es-tu cramponné à ton siège ?
Tu trouveras, avec ma lettre, un escarrosse d’hiver. C’est un escargophone classique, si ce n’est qu’il a une carapace rouge. Mais fais lui une barbe en neige lorsqu’il fait nuit et c’est là que tu déclencheras son véritable pouvoir. L’escarrosse fixera une étoile dans le ciel en chantant doucement, dans une langue que tu ne connais pas. Il a une très belle voix, au passage. Et là, flash ! A-ha ! Une étoile filante sautillera dans le ciel comme un tigre défiant les lois de la gravité. Le sauveur de l’univers descendra du ciel.
Dans la minute, tu verras un traîneau descendre de la voie lactée. Il sera tiré par un gars ou une nana assez marrants et qui répondront au nom de Tiger J. Miss ou Mister Tiger J. Pourront te conduire où tu le désires, à condition de suivre les Voies. Mais tu peux changer d’île sans souci. Ne sois pas surpris de voir un ptéranodon tirer le traîneau. Les rennes sont de bons amis pour les cadeaux, mais certains dinosaures font d’aussi bons compagnons. Le transport peut accueillir des passagers mais uniquement des enfants ou des gens qui croient en la magie de Minoël. Ceux qui ne m’ont pas écrit n’auront pas droit de séance.
Alors laisse donc toutes tes responsabilités de côté. Les filles à grosses fesses vont circuler sous toi pendant le trajet. Essaye donc de repérer ces petites beautés, oh ouais ! Je sais que ta quête du barrage te tracasse, mais ne t’en fais pas. Tu as encore le temps. Tu n’es pas encore vieux et usé, suppliant de l’aide avec les yeux. Tu seras en paix un jour. Tu as de la boue sur le visage, mais aucune honte à avoir. Tu es un champion, Marcel. Et tu continueras à te battre jusqu’au bout.
En attendant, le spectacle doit continuer. Je dois me libérer car j’ai, moi aussi, une quête à mener. Du moins, je me dois de la poursuivre. Pendant que nous dirigeons, par folie aveugle ou pure avidité, nos vies dictées par traditions, superstition et fausse croyance à travers les ères, encore et encore. On continuera d'essayer. Le monde a besoin de magie, pourvu qu’elle rassemble les peuples. Ce n’est pas une partie de plaisir ni un parcours de santé. Je considère ça comme un défi à l'Humanité toute entière. Et je ne vais pas perdre. Mon ami, ça a été une dure année longue. Mais maintenant c'est Minoël. Oi c'est Minoël. Dieu merci c'est Minoël. Joyeux Minoël Marcel.
PS : J’ai essayé de te trouver ton bidule de musique, mais je pense qu’il y a eu un pépin. Tout ce que j’ai entendu c’est un escaradio gaga.
***
Cher
Thane,
On dirait un nom de prédateur de jungle, cet en-tête. Mais je ne pense pas être si loin de la vérité. Empereur de mers, dis donc ! Tu en as parcouru du chemin, depuis ta Blue natale. Toute la musique que j’aime elle vient de là. Elle vient des Blues. Je regrette parfois de n’avoir que l’opportunité de cette fête pour échanger avec les enfants et les braves du monde entier. Je reste curieux de savoir ce qu’un homme, parti de rien comme toi, peut ressentir sitôt arrivé au sommet. Enfin pas si tôt. Les gens bombardés au pinacle sont soit en joie d’avoir accompli quelque chose, soit insatisfaits car ils se pensent indignes d’y figurer. Un grand homme a dit un jour qu’on devait toujours faire semblant de mériter sa place pour, un jour, que ce soit le cas. Sans pour autant perdre l’idée que ce n’est pas la place du meilleur ; simplement celle d’un conquérant assez doué ou aidé pour gravir les échelons. La nature compétitrice est complexe à juguler au devoir de sagesse. Mais toi, Thane, tu peux combiner les deux.
Nous ne sommes certes pas là pour parler de toi, quoique, mais j’ai toujours plaisir à voir ce qu’un chef devient lorsqu’il prend sa place. Beaucoup deviennent tyranniques, par failles, besoin de contrôle ou peur de perdre ce qui est acquis. D’autres, plus rares, considèrent le pouvoir comme un fardeau et s’en servent pour protéger les leurs. Une étude menée par un scientifique de Grandline a démontré qu’accomplir l’objectif ultime de sa vie, qu’il soit de prestige ou matériel, mène à une forme de nirvana de plusieurs jours à deux mois, maximum. En résumé, un travail de toute une vie apporte deux mois de plénitude. Ensuite, l’esprit s’y est adapté et tout est toujours profitable, mais sans plus jamais quitter la case d’une satisfaction banalisée. La même étude se termine sur le moyen de prolonger le sentiment d’accomplissement. Il est dit qu’on y parvient en se servant de son pouvoir pour aider les autres. L’espèce humaine, comme métahumaine, est ainsi composée. Tu pourras demander à un brillant médecin de Dressdora, si tu en connais, l’impact de la testostérone sur la fibre sociale des meneurs. On pense en général que cette hormone, très prisée des compétiteurs, a tendance à favoriser le chacun pour soi et le darwinisme, mais c’est faux. Elle favorise l’empathie et l’entraide. En partie parce qu’un prédateur alpha sait l’importance d’avoir des soutiens en cas de pépin, mais qu’est-ce que cela change ? Notre nature nous pousse à aider les autres. Une part de moi pense d’ailleurs que ceux qui sont rivés sur eux sont faibles, même s’ils ont les titres de champions. L’autosatisfaction ne vaudra jamais le don de soi.
Qu’offrir à celui qui a déjà tout, ou presque ? Tu as le titre, la puissance, un excellent fruit, un navire et une suite impériale. Je ne veux pas te faciliter la lutte quotidienne de conserver tes acquis, mais je tiens à vous offrir, à ton équipage et à toi, une bulle d’air dans ce sentier carboné.
- Spoiler:
My name is... Alistair Hegg
« Moi aussi j’ai un fruit du feu »
Nom du Feat : C-19 par markclarkii
Nom : Hegg
Prénom : Alistair
Age : 25 ans
Style de Combat : Lancer de grenades artisanales
Armes / FDD : Grenades de piments (1PM - effet lacrymogène de zone) et bombinettes classiques.
Groupe :Celui de Thane Oz
Rumeurs : • Il est immunisé à tous les piments du monde.
• Il refuse d’aller dans l’eau parce qu’il affirme avoir un FDD (il semble couler comme tout maudit, mais personne ne sait si la rumeur est vraie ni la nature de ce fruit du démon)
• Tout ce qu’il sert semble piquant, même un simple verre d’eau.
[hid*e]Dorikis 19 % de ceux de Thane Oz
Répartition des PM : Alistair Hegg possède 3 PM répartis comme suit:
• Cuisinier (1PM) : permet au Chef Hegg de connaître et préparer des repas offrant réconfort moral et meilleure récupération physique à bord. Même une nourriture gâtée ou supposée difficilement comestible peut être changée en festin. Alistair ne fait rien sans piment et n’imagine pas un monde où le fade s’attribue les papilles des gens. Même au beau milieu d’une île déserte, il semble arriver à rendre pimentée toute nourriture qu’il manipule.
• L’assoc’ piquante(1PM): Puisqu’il s’en nourrit quotidiennement, le piment a intégré le corps de Hegg et un simple contact avec sa peau peut amener à une brûlure superficielle de l’épiderme. Le cuistot évite tout contact direct et ne semble pas mal le vivre. En revanche, il suffit d’une goutte de sueur pour fabriquer une bonne grenade au piment. L’effet est semblable à celui d’une grenade lacrymogène et touche alliés comme ennemis dans la zone d’effet. Les moustiques qui le piquent explosent en quelques secondes. Alistair dit qu’il a perdu ses cheveux parce qu’ils ont brûlé à même sa peau épicée.
• Intraçable (1PM) : Hegg ne pue pas. Par contre, un animal qui voudrait flairer son odeur sentirait une vive brûlure dans les fosses nasales et serait inaptes à poursuivre les recherches. Il peut également péter pour improviser un gaz à effet irritant très utile pour semer des poursuivants. L’allure très reconnaissable d’Alistair est un faux-ami. Quiconque pense le poursuivre finit avec les yeux ou le museau irrités.
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Descriptions & Histoire
« Qualités ? Défauts ? Qui est votre PNJ ?»
Au choix de Thane Oz
Alistair est un jeune homme taiseux et observateur, mais il veillera à ce qu’aucun des tiens ne souffre de la faim. C’est un cuisinier émérite mais attention : il pimente tous ses plats et même ceux qui ne sont pas les siens. Veille à cacher la nourriture que tu voudrais sauvegarder de ses lubies épicées. Il est également un bon explorateur et a des talents qui devraient vous être utiles, sans recourir à la force létale. J’espère que tu l’intégreras bien parmi les tiens et que vous vivrez de bonnes aventures ensemble. En tout cas, il est impatient d’entrer au service d’un « autre fruit du feu ». Comprenne qui pourra.
Joyeux Minoël à vous tous et oubliez l’eau pour adoucir le piment. Le pain agit un peu, mais le meilleur reste encore le lait. Un bon petit lait de poule de saison, c’est tentant non , oh ! Oh ! Oh !
PS : Bla-Blackhare, mais où es-tu ? Où es-tu ?
***
Cher
Ragnar,
Merci pour ta lettre envoyée à un être dont tu doutes de l’existence. J’espère que cette réponse ne changera rien à ce fait. Il faut douter, tout le temps, sur tout. Douter et vérifier, mettre à jour sa connaissance et savoir qu’on ne sait jamais, ou si peu. Il y a un vieux dicton que j’aime beaucoup. Je te le cite.
Celui qui sait qu’il sait, écoute-le
Celui qui sait qu’il ne sait pas, apprends-le
Celui qui ne sait pas qu’il sait, éveille-le
Celui qui ne sait pas qu’il ne sait pas, fuis-le.
Combien de certitudes et de validations faites par habitudes, par simple acceptation qu’un message martelé devient vrai parce qu’il a érodé notre capacité à considérer une dimension où il pourrait être faux ? Les gens sont des slogans, Ragnar. Tu auras beau faire du papier via des chutes de scieries, dans le respect des forêts et des conditions des travailleurs, on te dira que n’importe quel autre moyen de communication est bon parce qu’il n’utilise pas de papier. Un élevage vorace d’escargophones qui transmettent des données trop éphémères pour permettre à une civilisation de figer son Histoire et d’en décanter le moindre enseignement, le tout dans une culture de l’immédiateté qui nous empêche d’apprendre l’ennui, la patience et, donc, l’imagination. Seules retranscriptions de ces échanges : les notes des oreilles indiscrètes qui écoutent ce que tu dis mais, eh, « si tu n’as rien à te reprocher, quel est le souci à te faire espionner ta vie privée ? » Je suis bien plus las de ceux qui affirment que le mysticisme n’existe pas que de ceux qui s’accommodent d’un univers où leur liberté n’est même plus un concept dont ils ont conscience. Et dont ils pensent pouvoir se passer. Comme si tout allait bien se passer derrière. Un peuple qui ne se projette plus et ne peut plus concevoir l’abstraction est voué à se dissoudre.
J’ai lu des historiens dire, il y a peu, que la connaissance des dates était inutile. Ils s’en moquaient même, de ceux qui les apprenaient. Ces présupposés gardiens de la mémoire vendent à la population déjà en demande de « poser son cerveau à côté pour ne pas trop se prendre la tête » des outils d’apathie et d’ignorance, pour que chacun ne soit qu’un petit consommateur docile dans une société qu’il sait trop complexe pour lui et, donc, trop inutile à essayer de comprendre. En réponse à l’inculture, le cynisme autosuffisant.
La vieille dame qui te disait de croire, dans le doute, parlait surtout de rester éveillé à ce que le monde offre. L’importance n’est pas de savoir si j’existe ou non, si Dieu est ou non et s’il a une volonté ou une logique de succession des événements. L’important, c’est de faire bourgeonner son intelligence en apprenant ce que le monde qui croit ou ne croit pas prend comme parti évolutif. Mieux encore, de comprendre la croyance et la non-croyance de chacun, sans chercher à les classer par valeurs. Je préférerai toujours un imbécile logique dans son raisonnement à un savant qui n’est que la science par procuration d’un autre. Bien sûr, les experts sont là pour nous aider. Je manque de temps pour dire comme on sous-estime la science des experts. Mais le temps qu’ils ont passé à être experts de leurs domaines les amène souvent à ne traiter que leur domaine précis et à compter sur les autres pour recouper tous les domaines. Là est la faille. Il ne faut pas savoir, il faut se forger, fort de tous les minerais et savoir techniques autour de soi. Nous ne ferons pas l’objet de réflexion parfait, mais au moins il sera nôtre et constituera l’héritage de notre potentiel au monde. Nous avons une chance de bagage commun à peu près éclairé. La vulgarisation sans connotation péjorative. Qu’espérer de plus que transmettre une part de savoir à ceux qui y seront sensible ?
Je vais manquer d’encre si je poursuis la réflexion dans ce domaine. Et tu n’es pas là pour ça. Simplement, je comprends ta lassitude. L’éthique et la responsabilité sont deux vertus usantes et essentielles. Cette fatigue, bien que âcre, est le goût commun de cette matière propre à certains éduqués. Cela ne les rend pas meilleurs que les autres, mais comme il faut des insouciants pour chercher le progrès, il faut des soucieux pour chercher à le justifier. Certaines peuplades se sont toujours refusées certains avancées techniques au nom du désir de ne pas détruire leur future civilisation. Question, alors, Ragnar. Ces civilisations pourtant bien disparues ont-elles eu raison de mener ce combat ? Il n’y a pas de mauvaise réponse. Mais il y a une bonne façon d’y répondre et elle passe par la réflexion plutôt que le choix immédiat d’un slogan pré-calculé dans notre esprit en constante influence des stimulations environnantes, spatiales comme temporelles proches.
Pour finir, sur cette existence ou non de mon entité, considérons aussi ce qu’une civilisation sage dirait de l’importance mythologique. Elle distinguerait le vrai du réel en ce sens : Imaginons que je ne sois pas Minoël, mais une salamandre en méthane qui pond des cadeaux en pensant que ça va tuer les enfants qui les reçoivent. Mais que tout le monde pense que je fais ça parce que je suis un homme barbu et jovial habillé en rouge. Pourquoi pas ? Imaginons la mythologie qu’on veut. L’identité de ce qui génère les cadeaux importe peu. C’est laissé à la réflexion de ceux que cela amuse et qui veulent raquer le réel, ou se faire croire qu’ils le traquent par jeu.
Dans le cas de la salamandre, sauf gros coup de bluff de ma part, j’ai menti. Donc ce n’est pas réel. Or, les cadeaux le sont. Imaginons, toujours par hypothèse, que les cadeaux de Minoël sont en vérité des achats des parents des enfants qui désirent leur faire passer une période agréable et commune à un monde suffisamment vaste pour être pensé entier dans la tête des enfants. Là encore, les parents utilisent une chose qui n’est pas réelle et mentent aux enfants. Eh bien l’effet du mensonge sur les petits, c’est le vrai. Le réel est factuel par ce qu’il est ou n’est pas, le vrai par ce qu’il fait ou ne fait pas. Ainsi, si tous les enfants deviennent un peu moins des connards en grandissant, ou qu’ils comprennent l’importance de la famille ou font d’une part de leur vie un combat pour offrir des plages de joie aux plus fragiles de ce monde, alors même ce qui n’est pas réel est vrai parce que la légende influence les composantes du réel dans le monde. Dès lors, pourquoi devrait-on cesser de croire à l’irréel ?
Croire ne signifie d’ailleurs pas du tout affirmer l’existence. Tu crois ou non en Dieu, mais tu sais que tu respires, que quelqu’un t’a écrit ces lignes, que tu es attiré par gravité vers le noyau plus dense de cette sphère qui nous supporte. Et si tu veux croire que la planète est un rectangle plat, pourquoi pas ? Veille juste à essayer de comprendre ceux qui pensent autrement sans les juger sur base d’arguments passionnels, sans même chercher à les rallier. Certains sont incapables de raison sur tel ou tel sujet. C’est ainsi. Veille aussi à ne pas leur imposer ta vision en dehors des zones où il est nécessaire d’adopter un socle commun. Tout est possible quand on veille au respect de l’autre. Bien sûr, si l’autre ne t’offre pas les mêmes égards que toi, se référer au dicton du début de cette missive. Les gens qui ne savent pas qu’ils ne savent pas n’apportent rien, du moins sur le plan de l’échange réflexif. S’ils font de bonnes gaufres ou éteignent les incendies de façon efficace, autant les apprécier pour les bons aspects qu’ils peuvent offrir à une communauté. Le souci de ceux qui savent ou réfléchissent, c’est qu’ils ont du mal à imaginer ceux qui ne font pas comme eux.
Tu n’aurais pas un peu d’encre, par hasard ? Je pense en manquer sous peu, donc faisons court. C’est de ta faute aussi, à me relancer à chaque fois sur de nouveaux sujets. Bon bon bon… Hors de question que tu te mettes à rouler des patins sur toutes les îles du Nouveau Monde. Tu m’aurais dit des skis, à la rigueur. Mais je pense qu’on peut trouver un compromis.
Je t’offre un Winterboard. Il est propulsé par des dials et permet des rebonds dans les airs. De quoi faire des figures et tout, draguer les mamans dans les stades, la vie quoi ! Cet objet ne te permettra pas de voyager d’île ne île, mais tu pourras rester en vol stationnaire durant tes aventures. Il suffit de plier les genoux et de donner une impulsion pour que le winderboard comprenne que tu veux rebondir dans l’air. Ah euh, pour une raison technique, les dials ne fonctionnent plus si tu te mets au-dessus de l’eau. L’humidité sans doute ? En tout cas, si tu veux éviter le grand plongeon, reste bien au-dessus de la terre pour l’activer. Ça marche avec les navires, par contre.
Il me reste à te souhaiter un joyeux Minoël et continue d’écrire.