[Flashback] Le Kebab on l'mange sans masque ![ft. Xerx]

Le Kebab, on l'mange sans masque !

Water Seven… intéressant !


Seul aventurier à bord de son Navire-Restaurant, un homme se tenait bien droit sur le Pont alors que son navire approchait d’une île atypique après quelques jours passés en Mer : Water Seven. Toujours vêtu de sa tenue de barman, le tout recouvert par un tablier rose qu’il ne quittait plus même en dehors de ses fourneaux, l’homme aux lunettes teintées jetait son regard sur l’horizon, sur cette île qui l’appelait à elle. Le Maître Kebabier n’était pas arrivé sur la première partie de Grand Line sans raison. Il cherchait, encore et encore, bravant toutes les mers du globe, ces saveurs inconnues qu’il ne pouvait atteindre qu’en se laissant porter par les mythes, par ces légendes que les hommes avaient pris soin de véhiculer au fil des siècles. Si les Pirates couraient après le fameux « One Pièce », Kyo lui courait après tout ce que le Monde pouvait apporter à sa Cuisine.

Ouvrage à la main, le Cuisinier tourna les talons pour reposer son matériel de cuisine et cet ouvrage dans l’étagère où il reposait jusqu’à lors. Un regard déterminé, empreint de notes enfantines se lisait sur ce visage curieux. Une période de l’année bien particulière que visait le Kebabier en traversant le monde pour atteindre cette destination précise ce jour-ci : En cet instant où il se rapprochait de l’île, seule la légende de l’Agua Laguna restait ancrée au fer rouge dans son esprit. Pouvait-t-il espérer convoiter ce sel que seule une poignée d’élus avait eu la chance de goûter et de connaître en plusieurs générations ?

Un phénomène particulier dont les légendes mentionnait même le nom de « All Blue » comme étant à l’origine de ce miracle culinaire qui n’apparaît sur Water Seven une fois par an, si on réchappait à l’immense vague qui déferlait avec puissance sur cet endroit. Toute la motivation et l’ambition de Kyo se trouvait là, à portée de main où il pourrait récolter un nouvel ingrédient pour ses plats, un ingrédient parmi les plus rares au Monde et qu’il ne laisserait pas passer et ce, au péril de sa propre vie.

Naviguant d’une main de maître comme il en avait l’habitude depuis bien des années, le Civil se fraya aisément un chemin vers le quai par lequel rentrait les touristes en provenance de la Mer. Les grandes portes de Water Seven, un chemin ouvert menant directement au cœur de la Ville et dans lequel s’engouffra le Navire-restaurant. Un chemin qui était essentiellement destiné aux locaux mais aussi aux commerçants et aux touristes qui faisaient leur bout de chemin depuis les mers de Grand Line pour profiter des produits locaux et d’un environnement, un paysage de renommée mondiale.

« Hoy ! Jeune homme ! Qu’est-ce que vous faites ici par ces temps-là ?! »

La période qui était propice à l’apparition de l’Aqua Laguna n’était pas une période où l’île envahie par l’eau de mer accueillait facilement de nouvelles têtes. Un vieillard qui tenait depuis des dizaines d’années le Port et accueillait les nouveaux arrivants, notamment pour les mettre en garde fit son apparition, à peine Kyo avait-t-il posé un pied sur la terre ferme de la Ville.

« Vous n’êtes pas au courant que ce soir, l’Aqua Laguna frappera nôtre île ? Dépêchez-vous de rejoindre la Haute Ville pour… »

Un sourire empli de curiosité, et une confirmation qui titilla l’aspect joueur que le Maître Kebabier ne montrait que lors des périples où il était à deux doigts de mettre la main sur une nouvelle saveur incroyable. Il répondit en conséquence ; Tout en légèreté et tout souriant.

« C’est exactement pour ça que je suis là mon brave ! Kebahahaha ! Merci pour le conseil en tout cas ! Je dois naviguer vers le haut c’est ça ? »

Tout en remontant à bord à peine descendu, le Cuisinier au tablier rose posa son regard sur ce résident, faisant remonter d’une traite l’ancre qui le retenait à quai, laissant petit à petit le courant ascendant faire son œuvre et traîner le Navire vers le sommet de l’île.

« Exactement !! »

D’un geste de la main, le Blond salua le bon indic’ avant de se laisser porter par le courant, main sur le gouvernail de son rafiot ambulant. Après quelques minutes, il arriva à destination et fut accueilli par des agents de l’île qui prirent en charge le Navire-Restaurant du Cuisinier qui, d’un saut bondit sur le quai au sommet de l’île, avant de prendre la route vers les plus grandes hauteurs de Water Seven.

Trouvant rapidement refuge aux sommets de l’île, le regard de Kyo se perdit au loin. Il jubilait intérieurement… All Blue… Aqua Laguna… La saveur qu’il allait pouvoir goûter lui apporterait bien les réponses pour lesquelles il avait fait un si long chemin ! Expirant doucement la fumée qui lui était portée au bec par la cigarette qu'il fumait tranquillement dans ce lieu où il était seul, assis face au vaste horizon, il attendait les premiers signes de ce pourquoi il était ici..

Le Kebab, on l'mange sans masque !

L’horizon lointain, ce ciel d’un bleu azur qui emmenait son regard au loin malgré lui. Le Maître Kébabier était si loin de ses fourneaux mais si proche de son âme, de sa conscience en ces instants de silence, perché sur les hauts sommets de Water Seven. Clope au bec, il inhalait le tabac qu’il expirait doucement, comme pour se détendre et profiter de la vue avant que l’Agua Laguna n’apporte avec elle les nuages, le vent et la tempête qui suit le calme plat.

Doucement, Kyo ferma les yeux et inspira une bonne gorgée d’air frais qui provenait du large.

Dans ces moments-là, il restait imperturbable et montrait à la fois des notes de mélancolie, dans son regard qu’il portait au loin. Sa conscience s’évadait tout simplement, retrouvant au loin, bien plus loin encore et dans les Mers du Nouveau Monde l’île de Rosemary où il avait laissé son enfant il y a de cela quelques années. Inlassablement, depuis ces années écoulées, le Maître Kebabier de toute sa hauteur regardait dans la direction de cette île lointaine ; Un choix de vie qui lui revenait lorsqu’il s’arrêtait de travailler ou de combattre pour sa survie en mer, un choix qui avait fait de son petit Shin un enfant en sécurité, quoi qu’il puisse arriver au Cuisinier.

Esquissant un léger sourire, l’attention de Kyo se reporta tout autrement sur la présence qu’il ressentit depuis les hauteurs de la Ville et qui semblait avoir de bons yeux pour repérer le touriste qui avait pris le soin de se dissimuler, à l’écart de la foule. Civil mais aguerri par une expérience cultivée toute sa vie passée, l’homme au tablier rose n’avait pas même besoin de se retourner pour distinguer très clairement les traits de celui qui venait d’arriver à quelques pas de sa position. Enma porté à la ceinture, Kyo se contenta d’élargir son sourire en écoutant l’étranger se présenter et poser une question assez transparente pour offrir quelques informations à son interlocuteur.

« Bonjour ! Eh bien je suis touriste depuis une petite heure dans la ville de Water Seven… »

Kyo n’avait pas vraiment d’intérêt à s’inventer une vie pour converser avec quiconque. Il restait avant tout un Civil qui pourchassait un rêve aussi vaste que l’horizon azuré qui s’étendait devant les deux hommes. Il tenait une philosophie de vie assez simple en tant qu’homme et l’appliqua aussitôt, se tournant pour faire face à ce roux intriguant qui lui fit face en ces instants de quiétude.

« Mais je suis un Cuisinier itinérant, vous êtes chanceux dans votre périple, Kebahahaha ! Les Restaurants commençaient déjà à fermer leurs portes pour se préparer à l’Aqua Laguna quand je suis arrivé, mais si vous le souhaitez, je peux vous préparer un petit quelque chose ! »

Aimable, agréable à l’écoute et distingué dans sa gestuelle autant que ses mots, le Maître Kebabier avait appris au fil du temps à tenir la conversation avec bien des personnes. Cela lui donnait une certaine confiance et un air assuré lorsqu’il faisait face à quelqu’un, quelle que soit la situation, de la conversation posée et tranquille aux tempêtes que représentaient certains clients plus turbulents.

Le Blond tendit tout naturellement sa main en direction de la personne qui l’accompagnait désormais dans son moment de tranquillité, il était tout naturel de se présenter en bonnes et dues formes.

« Je m’appelle Kyo, enchanté ! Suivez-moi, mon Navire est à quelques rues d’ici ! »

Aussitôt dit et d’un pas souple, le Maître Kebabier entama sa marche vers le Port où était amarré son Restaurant ambulant. Laissant un temps pour la personne en besoin de carburant afin qu’elle puisse le suivre, le Restaurateur ne montrait pas spécialement de signes de méfiance. En réalité il en était tout autre, et il n’était pas dupe au point de laisser échapper quelques détails qui pouvaient lui indiquer les signes d’une personne plus habile et entrainée qu’un client lambda, lui-même était un homme entraîné après tout.

Le Kebab, on l'mange sans masque !

Il était des êtres, des personnes envers lesquelles Kyo n’avait aucune confiance et envers lesquelles, il avait livré de nombreuses batailles pour sauver sa vie et celle de son enfant adoptif il y a des années. Pour autant, ce dénommé Siegfried n’avait pas l’air de quelqu’un de mauvais et ça, le Maître Kebabier avait appris au fil des batailles, au fil du temps passé seul sur ces mers indomptables, à aiguiser son instinct de la même manière que sa lame, que ses recettes qu’il préparait avec la même minutie que ses choix dans la vie : il avait un œil sur tout, le regard bien dissimulé derrière ces verres teintés qui ne laissaient rien paraître de ses observations, de ses analyses en tout instant.

Ouvrant ainsi la marche à suivre pour cet homme aux airs affamés, un sentiment que Kyo parvenait parfaitement à retranscrire dans son esprit alors qu’il n’avait pas l’ombre d’un contact visuel avec son interlocuteur, lui faisant dos de quelques centimètres, il se mit à rire en chœur avec ce brave individu, lorsque ce dernier vint lui demander la raison de sa venue à Water Seven.

- Kebahahaha ! Pour tout vous avouer, Siegfried, je suis un grand voyageur qui parcourt les mers du globe pour trouver ces trésors inestimables que chaque Cuisinier rêverait d’avoir dans son assiette. Des ingrédients formidables que l’on ne peut trouver qu’en prenant la mer, en bravant bien des obstacles et des difficultés…

Lorsqu’il s’agissait de cuisine, la voix de Kyo, sa gestuelle, son sourire ; Tout en lui désignait un rêveur qui n’avait de cesse de regarder loin devant lui, à la manière d’un enfant, émerveillé par la nouveauté, par le coffre aux trésors qu’offrait le Monde à ses yeux innocents. Son rire s’apaisa doucement, alors que sa marche menait les deux randonneurs des hauteurs de la Ville jusqu’au Port où le Maître Kebabier avait jeté l’ancre plus tôt.

- Water Seven… Dites moi Siegfried, connaissez-vous les mythes qui entourent l’Agua Laguna et son origine lointaine ? Je ne vous cache pas que c’est exactement pour cette vague que je suis là aujourd’hui.

Une question que posait Kyo, pour relancer de plus belle la conversation sur un sujet d’actualité, et le mot était faible, ce jour où la vague devait bientôt frapper de plein fouet, s’abattant comme chaque année sur la partie basse de Water Seven, évacuée plus tôt le même jour. Tout cela laissait les rues de la Ville bien désertes, chacun ayant pris l’habitude de se barricader, conformément aux instructions, homme comme femme, vieillard comme enfant, chacun connaissant le cataclysme provoqué par Mère Nature.

Quelques minutes suivirent, faisant apparaître le Navire-Restaurant qui faisait la fierté de l’homme au tablier. Ce dernier se hâta, tandis que les vents provenant de la Mer devenaient plus insistants, pour mettre en place le pont en bois sur lequel il s’engagea tout en faisant signe à son invité de le suivre.

Une fois les pieds sur le Pont, Kyo vérifia d’abord d’un rapide coup d’œil, soigné et méticuleux comme à son habitude que rien ne traînait où avait disparu en son absence avant d’ouvrir à nouveau la voie jusqu’aux portes du Restaurant, abrité dans une partie de cette modeste caravelle, assez grande pour y abriter une salle bien remplie et décorée, et les appartements du seul résident de ce Navire.

- Faites comme chez vous, venez prendre place au comptoir devant les fourneaux, je vais vous préparer un petit quelque chose mon brave !

A peine arrivé sur son lieu de travail, et bien que le Restaurent ne fut pas officiellement ouvert et bondé comme à l’accoutumé, Kyo remonta machinalement ses manches de chemise blanche. Toujours vêtu de son tablier rose, le Restaurateur disparut quelques instants, laissant à son invité le soin de se mettre à son aise, avant de revenir de la cale d’où il avait récupéré sa pêche du matin même : un monstre marin qui était à la fois Bœuf et Saumon.

Déjà préparé pour sa viande, assaisonné de différentes épices qui résultait d’heures de recherches, de travail de la part d’un véritable expert en la matière, le Maître Kebabier prépara sous les yeux de son client son plat phare, qui se préparait en cuisant la viande sous forme de broche directement à la flamme.

Laissant parler son corps entraîné et réglé à la minutie parfaite pour sa cuisine, Kyo passa la vitesse supérieure. Dans un saladier il préparait une sauce particulière à base de yaourt frais, auquel il ajoutait de l’ail haché finement à l’aide d’un sabre dégainé et rengainé assez rapidement pour avoir l’impression qu’il n’avait jamais changé de place. Une dose de sel, d’huile extraites d’olives récupérées sur l’île de Jaya et des feuilles de menthe.

Pour la viande de Kebab, le Maître Kebabier n’utilisa pas moins de six épices différentes et préparées par ses soins, tout autant que les pickles appelées communément par le peuple ayant appris à Kyo à les cuisiner : de l’Achaar.

Se retournant pour faire face à son invité, tout en préparant le Pain Pita qui servait de base pour accuellir tout ces ingrédients, le regard du Kebabier se fit plus curieux au sujet de Siegfried.

Et vous, qu’est-ce qui vous amène à Water Seven par ce temps apocalyptique ?

Laissant la conversation suivre son cours, tout en servant en clin d'oeil un pichet d'eau en plus de dresser les couverts de l'attablé, le cuisinier commençait déjà à préparer le rendu final du plat de son client non officiel, un geste qu’il avait en dehors de l’aspect lucratif de son activité, loin d’une quelconque forme d’avidité, Kyo cuisinait par passion, et remplir l’estomac d’une personne ayant faim lui suffisait amplement dans ce genre de situations.

Le Kebab, on l'mange sans masque !

Kyo aux fourneaux, le Kebab trouvait finalement sa forme finale. La cuisson de la viande qui se terminait et dont les aromes se diffusaient sans peine dans cette grande pièce vide de clientèle ; Une touche finale apportée par le Maître Kébabier pour un estomac des plus exigeants en termes de nourriture et de quantité après un voyage éprouvant : une sauce à base de yaourt frais à base de yaourt frais, auquel il ajoutait de l’ail haché, une dose de sel, d’huile extraites d’olives récupérées sur l’île de Jaya et des feuilles de menthe. Une portion de frites maison, dont chaque patate avait été cueillie il y a quelques jours sur une île propice à leur cultivation par un peuple des plus accueillants.

Rengainant Enma soigneusement, ficelé à sa taille, le Cuisinier vint poser le plat final devant son invité tout en souriant, le regardant derrière ses verres teintés.

Et voilà, n’hésitez pas à croquer dans le pain à pleines dents pour prendre chaque ingrédient en une fois. Les frites sont naturellement assaisonnées mais vous pouvez les tremper dans la sauce que j’ai préparée.

Le Chef cuisinier nettoya tranquillement son plan de travail, n’ayant quant à lui pas vraiment faim pour le moment. La vérité, c’est qu’il se réservait un coin dans l’estomac pour goûter une recette pimpée du Kebab grâce à cet ingrédient mystère pour lequel Kyo se trouvait à Water Seven ce jour même. Le Blond se mit à sourire lorsque Siegfried lui demanda plus d’informations sur l’Agua Laguna ; Non pas que le fait de devenir professeur d’Histoire l’embêtait, mais il joua le jeu et posa sur le comptoir qui séparait la cuisine de la table, le livre que Kyo lisait avant d’accoster.

L’Aqua Laguna, un tsunami immense qui possède assez de force pour inonder instantanément toute la partie inférieure de la ville en un éclair. Il y a une rumeur qui court dans le cercle très restreint des Cuisiniers qui s’intéressent au Monde…

Kyo nettoyait tranquillement le saladier qui accueillait il y a quelques minutes la sauce fraîche qui agrémentait le Kebab d’une noté mentholée et fraîche au possible. Déposant sur le côté l’outil de travail nettoyé, il reprit aussitôt ses explications.

… Les eaux qu’inondent la ville viendraient des quatre coins du globe, outrepassant même RedLine !

Un sourire se dessinait sur le visage de Kyo, l’air plus plongé dans ses récits et jubilatoire à l’idée de pouvoir trouver ici-même une trace de ce qu’il recherchait, tout comme chaque Cuisinier qui se respectait et qui, au moins, connaissait la fameuse légende.

Le sel amené par les eaux du Monde entier, serait en fait originaire d’All Blue. Et c’est cet ingrédient mystérieux qui m’amène ici malgré les risques… Je dois mettre la main sur ce trésor !

S’exprimant en quelques sortes à la manière d’un Pirate, qui n’hésitait pas à s’approprier les richesses de ce Monde, Kyo lui voulait s’approprier ce sel aux propriétés uniques qui lui permettrait d’apporter une touche unique à ses prochaines recettes. Il vint s’asseoir en face de Siegfried finalement, après avoir terminé la plonge et le nettoyage de la Cuisine.

Sinon, mon cher Siegfried ! Est-ce que ma recette vous convient ?

Kyo laissa le temps à son invité de déguster ce qui lui était proposé et laissa parler de nouveau sa mauvaise manie : d’un rapide geste de la main, il porta cette dernière à sa bouche, à la manière d’un fumeur qui voulait tirer une latte mais qui n’avait au final aucune cigarette à consommer. Il se mit à rire dans sa barbe, avant de jeter un œil par la baie vitrée qui donnait sur la mer au loin, de plus en plus agitée à mesure que la pluie s’était rapidement installée et que le vent, assez violent pour faire bouger le Navire solidement amarré pourtant, se faisait ressentir à l’intérieur.

En parlant du loup, on y sera bien assez tôt… !

Le Kebab, on l'mange sans masque !

Une cuisine toujours nettoyée et bichonnée pour en tirer le meilleur. Une minutie qui était perpétuée et conservée bien des siècles après la légende de celui qui fut en son temps le premier Maître Kebabier. Préparer à manger à tous ceux qui avaient faim, à travers toutes les contrées, des plus accueillantes aux plus reculées et hargneuses des océans faisait la fierté du descendant de Kyozaburo lui-même. Une chose pourtant tenait encore plus à cœur au jeune Cuisinier qui se tenait devant son client, quelque chose de précieux pour celui qui dédiait sa vie à remplir les estomacs de chacun tout ne leur faisant découvrir des saveurs qu’il mettait dans son assiette et parfois au péril de sa vie : Il aimait simplement prendre place de là où il pouvait regarder ses plats être engloutis par des personnes, toutes différentes mais toutes joyeuses, diverties par les saveurs proposées à la manière d’une fête foraine dont les mille feux et les attractions saisissait le cœur innocent des enfants, découvrant de nouveaux horizons.
Ce sourire, cette sensation de bien-être que pouvait procurer au Monde sa cuisine, Kyo n’y avait jamais renoncé, n’y avait jamais tourné le dos et poursuivait son aventure sur ces mers. Le regard du Maître Kebabier, encore absorbé dans la nébuleuse de ses pensées se recentra sur Siegfried, dont les mots vinrent arracher un sourire honnête au cuisinier vêtu d’un tablier rose. Il ne se lassait pas et se mit à rire aux éclats tout en se servant lui-même un verre d’eau pour étancher sa soif passante. Une gorgée, puis deux bonnes, avant de reposer le verre d’un trait sur le comptoir.

C’est pour cette mine enjouée et pour le bonheur de ceux qui peuvent manger à leur faim que je cuisine, et vous serez toujours le bienvenue chez moi, sachez-le !

Alors que Siegfried poursuivait son repas, le regard de Kyo vint se perdre par-delà la baie vitrée de son Restaurant, bien assez solide pour supporter les mœurs catastrophiques de la météo du Nouveau Monde lui-même. Elle approchait dangereusement et allait comme chaque année s’écraser sur la basse-ville de Water Seven, à quelques niveaux en dessous de leur position actuelle, sécurisée selon les locaux qui eux-mêmes prenaient refuge dans ces hauteurs de la ville. L’homme au tablier attendait ce moment où la vague apporterait avec elle cet ingrédient si simple, et pourtant si méconnu à travers le Monde. Comment l’utiliser dans ses futures recettes ? De quelle manière pourrait-t-il le doser pour en proposer le meilleur rendu culinaire ? Tant de questions de ce type bousculèrent l’esprit de Kyo, submergé par la créativité à la manière de la vague gigantesque qui prévoyait de faire halte sur l’île dans un court moment.

Inconsciemment, il porta de nouveau sa main, faisant mine de tenir une cigarette jusqu’à son bec, tout en réfléchissant profondément. Une manie qu’il avait lorsqu’il était confronté à des situations qui le plongeait dans un état proche de la méditation. Cette dernière s’interrompit aussitôt lorsqu’il posa ses yeux sur son aimable invité qui lui proposa son aide pour récupérer son ingrédient secret. Kyo se mit à en sourire un bref instant, et se leva sans un mot, s’approchant de la baie vitrée qui donnait sur la basse-ville en plongée.

J’accepte votre aide avec plaisir, mais ce sera assez simple je vous préviens. Venez voir par ici je vais vous expliquer.

Attendant l’arrivée de Siegfried ayant terminé son assiette, Kyo désigna rapidement du doigt les toitures de la ville, potentiellement ciblées par le tsunami qui était en approche au vu de la dégradation progressive de la météo.

Quand la vague s’écrasera sur Water Seven, il faudra attendre un petit moment pour pouvoir récupérer les minéraux qui se seront accumulés sur les toits des maisons en bas. Mais on aura bien le temps de prendre une tasse de thé pour discuter !

Tournant les talons pour se diriger vers la cuisine, son attention fut attirée par tout autre chose que Siegfried ou sa cuisine. De l’intérieur du Navire, les deux hommes pouvaient entendre le vieillard responsable du port de la haute ville crier à s’en époumoner « Nina ». D’un pas rapide et sans même se poser de questions, ressentant fortement des émotions vives comme l’inquiétude et la détresse d’un vieil homme dans le besoin, Kyo sortit par la porte, s’aventurant sur le Pont pour capter le hurlant personnage.

Que vous arrive-t-il mon brave ? Je vous entends depuis mes cuisines !

Kyo éleva la voix pour qu’elle puisse porter face à un vent si violent, que les appuis du Blond se firent fermes et bien ancrés sur le plancher en bois qui le supportait.

Ma petite-fille a disparu ! Je pense qu’elle s’est dirigée vers la basse-ville… à la gare… à l’endroit où ses parents sont morts il y a quelques années… ! Je n’ai pas été assez prudent… Aidez-moi à la retrouver, je vous en prie !

Ni une, ni deux, le cuisinier bondit hors de son Navire et posa pied sur la terre ferme. Sa main droite vint se poser sur l’épaule du gardien du Port, versant des larmes de désespoir et étant trop âgé pour supporter une expédition suicidaire en bas. Le Maître Kebabier avait un regard ferme, assuré et ce malgré une envie de ne jamais trop en faire en dehors de ses activités culinaires, pour ne pas attirer l’attention. Pourtant, ce soir-là et sous l’orage qui grondait, sous la pluie battante qui ne cessait point, et lorsqu’il projetait son regard au loin, il revoyait la silhouette de son propre enfant, livré à lui-même dans un environnement dangereux. Fibre paternelle ? Héroïsme ? Nul ne le sut jamais, mais Kyo s’avança d’un pas, faisant dos au vieillard.

Retournez au chaud, je m’occupe de retrouver Nina, je vous le promets Monsieur.

Se retournant vers Siegfried, Kyo esquissa un sourire tout en lui parlant. Il ne pouvait pas demander de l’aide à quelqu’un ne sachant pas même nager de ce qu’il lui avait confié plus tôt.

Je vais devoir écourter notre rencontre mon ami. Vous pouvez rester au chaud dans mon Restaurant, je dois y aller sans attendre.

Prenant appui sur ses jambes de toutes ses forces, face à cette catastrophe naturelle dont on voyait déjà au loin le bout du nez, Kyo s’élança de toutes ses forces, bondissant dans le vide, plongeant littéralement vers le bas de toutes ses forces ;  Agua Laguna ou pas, il donna littéralement tout ce qu’il avait, laissant son âme rugir en silence tandis qu’il s’éloignait de la haute ville.

A vue de nez, il restait environ une dizaine de minutes avant la catastrophe.

Le Kebab, on l'mange sans masque !

Avez-vous déjà vu au cours de votre vie un Maître Kebabier parcourir les cieux à une vitesse dont les oiseaux eux-mêmes pouvaient tomber jaloux ? Un Kebabier qui, épris de justice avait décidé d’aider un grand-père à retrouver sa petite-fille fugueuse dans la basse-ville de Water Seven ? C’est pourtant ce qui se passa ce jour de grisaille, alors que la terre tremblait de tout son soûl, que les cieux se déchaînaient, faisant gronder le tonnerre et que les Océans envoyaient à cette Ville de Grand Line une épreuve à surmonter des plus violentes jamais connues.

Pour Kyo, il n’était pas question d’être égoïste et de regarder pleurer sous ses yeux un homme désespéré. Non, celui qui avait su un jour transcender la vengeance et la haine qu’il eut accumulé durant sa jeunesse, celui qui avait eu la joie et la fierté de prendre soin d’un enfant qui devint son fils adoptif avait fait vœu de dédier le reste de sa vie aux idéaux que portait son ancêtre Kyozaburo il y a huit cents ans de cela. Une cuisine et une aventure libre, voyager et percer à jour toutes les saveurs pour reconstituer le Monde en une seule assiette ; Tout ça partait d’un pays isolé qu’était le Pays de Wa et d’un paysan qui devint cuisinier pour les Kozukis, puis itinérant à travers ce pays fleuri pour donner un sourire et un repas chaud aux plus démunis. Cet ancêtre avait un jour disparu, ne laissant derrière lui que son âme et son sabre.

Pourtant, ce jour-là, Kyo qui faisait face à cette vague démesurément grande n’avait aucune crainte, ni aucune peur de ce cataclysme. A sa manière, il perpétuait le rêve merveilleux d’un être en quête de toutes les saveurs que pouvait posséder ce Monde, et du sourire de chaque bouche qu’il eut nourri. Kyozaburo fut un pionnier là où Enma fut la pioche qui se transmit, de générations en générations jusqu’à aujourd’hui, et il n’était pas question pour le Blond de mourir aussi vite.

Son regard se porta vers son porteur, qui lui avait caché certaines choses à son sujet. Le Civil n’était pas dupe pour autant et avait déjà sondé un potentiel digne de mention chez son client. Il se contenta d’esquisser un sourire avant de désigner la place de la Gare du doigt sans traîner.

- Il ne nous reste même pas cinq minutes avant l’écrasement de cette vague Siegfried ! Déposez-nous ici, je vais utiliser le Haki pour repérer Nina autant que je le peux !

Donnant des consignes à la manière de celles qu’il pouvait donner au sein de son Restaurant, le Chef Cuisinier avait cet esprit puissant, de ceux qui savaient se dresser face au danger de toute leur âme et dans n’importe quelle situation, un esprit inébranlable qui ne pliait pas face à la difficulté, même extrême. Aussitôt le pied à terre, Kyo se concentra doucement sur les environs qu’il pouvait couvrir et utilisa cette forme de Haki à laquelle il n’était pas habitué.

De manière imperceptible de l’extérieur, l’homme au tablier rechercha donc à trois-cents-soixante degrés à partir de sa position d’autres flammes de vie que la leur. Il ne lui fallut qu’une minute pour pointer de nouveau du doigt un bâtiment dont les tremblements de terre précurseurs du carnage avaient ravagé.

- Elle est au pied de cet immeuble qui est presque détruit ! Allons-y !

Prenant impulsion sur ses deux jambes, Kyo s’élança à toute vitesse vers l’endroit en question. Le temps pressait et la vague était déjà aux portes de Water Seven, il fallait agir et vite. Malheureusement, l’affaire ne fut pas aussi simple et le destin semblait pactiser avec Mère Nature pour clouer les aventureux en bas. La structure du bâtiment ne tenait qu’à quelques cheveux et en dessous de ça, Nina gisait devant eux à quelques mètres, inconsciente. Une explosion la mettait autant en danger qu’un grand coup de sabre, il fallait y aller en douceur et déblayer les débris à la main pour maintenir le bâtiment en place le temps de l’extraire de ce bourbier.

Une analyse rapide que le Chef Cuisinier fit aussitôt remonter, tout en retroussant ses manches de chemise.

- Siegfried, je vous confie la vie de cette enfant. Il va falloir déblayer les débris à la main… et la vague est déjà là.

Fermant une seconde les yeux, Kyo ôta ses lunettes et se retourna vers son client, en lui adressant un sourire.

- Je vais m’occuper de l’Aqua Laguna le temps que vous agissiez, je compte sur vous.

Kyo accordait rarement une confiance pareille aux étrangers qu’il fréquentait depuis bien peu de temps, surtout dans le cadre du travail mais il n’avait pas vraiment le choix et l’homme pétard avait accepté de s’aventurer aussi bas pour lui, ce qui toucha le Chef Cuisinier qui se mit à rire dans pareille situation.

- Kebahahahaha ! Si on s’en sort en un seul morceau, je vous ressers une portion à mes frais c’est promis !

L’atmosphère changea d’un seul coup et sans crier gare. Kyo fit quelques pas en direction des murs de la Gare, faisant directement face au bâtiment où Nina se trouvait alors, inconsciente. Soufflant doucement, l’épéiste affûta tous ses sens alors qu’Enma était dégainé de ce fourreau qu’elle ne quittait que très rarement en dehors des activités culinaires. Le Chef Cuisinier évalua d’un coup d’œil la distance à aborder entre lui et la vague et sa vitesse d’approche, sa force destructrice et une masse telle qu’une grosse pression semblait pousser le Bretteur vers l’arrière à chaque instant.

Bravant les vents tempêtueux et la pluie battante, faisant face à cette vague qui était assez grande pour engloutir toute la moitié inférieure de la Ville, Kyo resta concentré comme il ne l’était jamais en dehors de sa cuisine. La lame d’Enma devint noire en même temps que le bras qui tenait le Meito, se gorgeant de la force de son utilisateur dont le bras semblait s’amincir à vue d’œil.

Pour autant, l’esprit brulant du Kebabier ne fléchissait pas d’un cil, se dressant tel un pilier qui protégeait ses arrières. L’espace d’un instant, les mots écrits dans ce journal de bord d’il y a huit cents ans parvenaient aux oreilles de Kyo dans un phénomène inexplicable. Le temps semblait s’être arrêté pour le descendant de Samouraï qui faisait face à un danger mortel.

« Les joies, les peines, le passé et le futur. Même si ma vie ne tient qu’à une ficelle, mon âme elle, restera éternelle. Ma cuisine apporte le sourire, et cette émotion perdurera, bravant le temps lui-même. A celui ou celle qui brandira Enma pour défendre ses rêves, ses convictions, il y a un mot dont il faudra s’imprégner… »

Ouvrant les yeux, le bras droit du Maître Kebabier reprit ses formes tandis qu’une aura mélangeant le Haki de Kyo, absorbé progressivement par Enma se libérait sous forme d’une onde de choc qui repoussa momentanément les intempéries, soulevant un nuage de poussière et créant une masse dense d’énergie qui vint se heurter à la pression du Tsunami lui-même qui venait d’emporter une bonne partie du bâtiment ferroviaire en direction du sabreur.
Prenant une position instinctivement pour se préparer à l’offensive, le mouvement de Kyo fut si fluide et si rapide en ces instants, que de l’extérieur, l’escrimeur semblait se voir attribué plusieurs paires de bras qui n’étaient en réalité que des images rémanentes d’un mouvement trop rapide à suivre à l’œil nu.

- Esprit de la volonté au sabre de l’école du couteau de Cuisine….

Abattant sa lame démultipliée par cette technique singulière, ce ne sont pas moins de dix lames d’airs qui se rejoignirent à la couture près, dans un fracas et un rayonnement aveuglant qui se dirigea vers la vague qui les acculaient alors.



L’âme enflammée du descendant d’un authentique résidant de Wa, ce cri de guerre trouva sa place en Cuisine, autant que pour cette lame d’air d’envergure qui pourfendit les énormes débris de la Gare et le Tsunami en deux parties bien distinctes alors que la zone où se trouvaient l’agent secret sous les traits de Civil et la petite ne risquaient plus rien. Criant alors de toute son âme, le Kebabier s’essoufflait rapidement continua sur sa lancée en repoussant de toutes ses forces la moindre goutte qui voulait passer derrière lui. Le cataclysme n’était pas fini.

Le Kebab, on l'mange sans masque !

- Papa, pourquoi tu t’bats pas contre ces voleurs qu’ont voulu nous attaquer ?! Si la Marine était pas dans le coin, on aurait été mal !

Dans les abîmes secoués par le combat que le Maître Kebabier menait contre l’Agua Laguna, pour protéger une enfant d’un funeste destin, c’est sa propre enfance qui lui revint, l’espace d’un flash qui sembla durer suffisamment pour le transporter au loin, dans son passé heureux où il vivait en accompagnant Kyojuro, grand médecin qui soignait gratuitement les plus démunis. Il fut un homme qui, malgré les peines, malgré la douleur et le chagrin d’avoir perdu son épouse par une maladie incurable, malgré le doute et le désespoir qui frappait à sa porte, n’avait jamais dégainé Enma, pas une seule fois.
Après tout, quel Médecin avait besoin d’un sabre que l’on jugeait meurtrier pour sauver des vies sur un lit d’hôpital ?

- Tu sais mon trésor, Papa utilise ses mains pour sauver des malheureux de la maladie, de toutes ses forces.

Des paroles emplies d’un chagrin aussi dense et profond qu’un typhon. Sur ses dernières années, Kyojuro menait un combat difficile contre sa propre maladie. La dépression qu’il emmagasinait au plus profond de son être lui couta bien trop cher et le rendit malade au point d’en finir par cracher régulièrement du sang en petites quantités. Seulement, tout comme le Maître Kebabier se battait parfois au péril de sa vie pour son enfant Shin, pour accomplir ses rêves et assurer un avenir à son fils ; Kyo eut également un Père, qui malgré tous les malheurs du Monde, gardait le dos bien droit, la médecine dans le sang et un sourire chaleureux pour continuer à élever son enfant.

Kyo se souvint à cet instant, où sa vie était menacée directement et de front par une masse d’eau monstrueuse et inéluctable. A ce moment où son Père le réconfortait, il avait glissé dans leur conversation une phrase qui eut échappé à l’oreille du jeune homme, devenu l’homme au tablier, dans ce moment critique où tout était en jeu.

- Je n’ai pas la force, ni la volonté d’utiliser une arme pour me battre et je combats à ma façon mon grand. Mais, si un jour…

Qu’avait-t-il dit à ce moment précis ? Kyo n’en savait plus un mot. Le temps avait fait son œuvre, mais des larmes perlaient sur les joues d’un jeune garçon trop innocent alors pour saisir la profondeur des paroles d’un être qui avait déjà vécu sa vie par Monts et Océans. Les larmes rapidement balayées par la force du vent tempêtueux et cette vague que la Nature même poussait vers son objectif malgré le barrage posé par le Maître Kebabier dont les premiers signes de fatigue laissèrent place à des veines saillantes et visibles tant l’effort demandé et la gourmandise de sa lame maudite étaient importants.

L’espace d’une demi-seconde, la fatigue extrême de son corps lui fit plier légèrement le genou, pas assez pour le faire tomber, mais assez pour que la force colossale de l’eau en trombe le fasse reculer malgré son barrage constitué de lames de vent tirées de manière ultra-rapides comme le voulait son art, qui lui aussi connaissait ses limites…

- Je… Enfuy… !

Kyo tenta par-delà ses limites d’au moins s’assurer de la sécurité de Siegfried et de la petite qui était encore sous les débris du bâtiment. Un corps aux sensations lourdes, ankylosées, comme si le Monde lui tombait dessus sous la forme d’une Aqua Laguna déchaînée et prête à répéter inlassablement le même cycle qu’à chaque fois.

Poussant un hurlement plus strident que le précédent, empli de désespoir face à ces eaux qui ne cessèrent de tout repousser sur leur passage, le Maître Kebabier connaissait ses propres limites et l’appétit féroce d’Enma ne l’aidait pas à maintenir son rythme endiablé et son Haki de l’armement au maximum aussi longtemps.

L’esprit de plus en plus léger au fil des secondes qu’il laissait à l’agent sous couverture pour dégager la gamine de là, les paupières lourdes, celles-ci vinrent se fermer, tout doucement. Était-ce la fin du voyage pour lui ? Etaient-ce là ses limites et la fin d’une vie, le dernier chapitre d’un long combat ?

- Mais…, si un jour tes propres forces peuvent changer un avenir empli de tristesse en un avenir radieux…

Ouvrant les yeux de son esprit en pleine perte de connaissance, le descendant de Samouraï entendit pour la première fois, de manière nette et claire les mots qui étaient alors scellés dans un inconscient qui avait perdu le chemin pour les retrouver.

- Si un jour tu te retrouves face à un mur qui te semble insurmontable, cette Lame qui se transmet de Kyo en Kyo depuis des générations sera ta meilleure alliée.


Un pied décollant du sol, prêt à laisser tomber celui qu’il portât alors s’ancra dur comme fer dans le sol.

- Papa n’a pas pu sauver Maman… Et pourtant, je sais qu’elle serait fière de ce petit sacripan curieux et aussi doué que l’on a vu naître et grandir dans nos bras.

Les dents serrées, les yeux révulsés mais la volonté encore bien présente et ancrée dans le présent, crachant ses tripes en forçant sa carcasse à surpasser ses limites, Kyo fit résonner Enma d’un glas mélancolique, un son presque audible alors que celle-ci réagissait de concert aux pensées de son Maître, et de ceux encore avant lui.

- Un jour, tu comprendras mon grand, et ce sera à toi de te jeter dans ces moments intenses, alors donnes toi à fond ! Dolilililili !

La grimace devint un sourire, tandis que la souffrance devenait le carburant d’un sentiment plus fort encore, poussé par une détermination qui allait bien au-delà de ses propres ambitions. Sauver des vies, même au péril de la sienne, il le devait et il se donna à cet instant corps et âme dans son prochain mouvement, certainement le dernier de ceux qu’il pouvait accomplir pour arrêter ce cataclysme ambulant.





Tout son esprit, tout son corps, chaque muscle à chaque intention, chaque ingrédient formât alors le grand secret de la force et d’une volonté indestructible que Kyo portait en lui. Une, Dix, Cent, Mille ! De tout son art, de toute son âme, de toutes les forces qu’il rassemblait pour porter son ultime coup, malgré le sang qu’il crachât et qui coulait de ses narines, malgré des yeux révulsés par l’extrême poussée d’efforts qu’il s’imposait alors, il tint bon. Au milieu de cette catastrophe, tel un pilier pour la jeune pousse qui se tenait derrière lui, pour un client qu’il estimait déjà, Kyo se dressa une dernière fois, de toutes ses forces.





Non pas une, non pas dix, non pas cent… Dans un ultime effort, le Maître Kebabier rugit telle une Bête indomptable et décocha tant de lames d’air sous la position fêtiche de son Iaido poussé au maximum, que des bras semblaient pleuvoir autour de lui, dans une danse majestueuse, c’est un véritable canon à air concentré de toute sa volonté qui s’abattit en une fois sur l’Aqua Laguna.

Créant un véritable trou au milieu de cette masse concentrée, incommensurable, les vagues sans exceptions s’abattirent sur les côtés, préservant Kyo et ses arrières. Une force telle, que l’eau sembla contrainte même de passer son chemin sans toucher une parcelle de terre devant le Sabreur. Ce dernier vacilla, juste avant d’être rattrapé par Xerx qui s’envola, le Kebabier cramponnant de ses dernières forces la petite qui en sortit saine et sauve.

Un simple sourire pour cette enfant et pour Siegfried, puis Kyo perdit définitivement connaissance, sa posture telle une statue rigide, refusant de relâcher cette enfant en vie.

A peine les trois survivants furent-t-ils arrivés que toute la Ville les accueillit dans un hurlement de joie qui perça à travers le vent violent qui coupait même le son. Parmi eux, le Vieillard que Siegfried et Kyo eurent quitté pour se lancer dans la basse ville avec une ferme intention tenue, menant aux retrouvailles d’une enfant évanouie et de son Grand-Père qui la tint si fort de ses bras qu’il en pleura à chaudes larmes pendant une dizaine de minutes.

Merci, merci … !

Reprenant son souffle, le Gardien reprit un peu de sérieux, ouvrant la voie et tenant la prunelle de ses yeux dans ses bras.

Venez vous mettre à l’abri ! Ce n’est pas encore fini !

Aussi inconscient que la petite survivante, Kyo subit de plein fouet le revers d’une lame qui réclamait beaucoup pour donner son maximum sur une longue durée. Inconscient mais tenant Enma dans sa main, d’une manière rigide et n’ayant fait que ça jusqu’à l’évanouissement, il était temps de profiter du calme après la tempête.



Les habitants guidèrent donc le groupe jusqu’à un logement où ils furent accueillis comme des princes pour leur geste. Un repas chaud, des couvertures et une ambiance festive se dessinaient alors malgré la colère de Mère-Nature. Water Seven avait réussi, l’île avait tenu tête aux caprices de l’Océan et avait sauvé une précieuse vie.

Celle-ci dura jusqu’à tard dans la nuit, avant que tous, épuisés par le cataclysme et cette affaire, ne s’endorment comme des masses chez eux, laissant le Maître Kebabier alité et soigné par une équipe médicale de l’île, et le membre du Cipher Pol dans les mêmes appartements. Les premiers rayons de soleil se levaient doucement sur un jour nouveau, un jour que Kyo attendait avec impatience même si son état n’était pas au beau fixe, il finit par ouvrir l’œil en cherchant Siegfried du regard… est-ce qu’il était resté ?

A l'aube d'un renouveau

 Un corps encore engourdi, endolori par un effort qui dépassa l’entendement de l’être humain, de la raison, le Maître Kebabier resta immobile malgré l’ouverture de ses paupières encore lourdes, d’une fatigue qui le clouait encore au lit, certainement pour une journée au minimum. Sauver la vie d’une enfant pour laquelle la vie était encore une page blanche sur laquelle y dessiner l’avenir, voilà une raison qui eut poussé Kyo à sortir des fourneaux pour risquer sa propre vie, ses rêves, son ambition et son avenir pour une si jeune vie. Souriant, sa mémoire le ramena en arrière. La simple image du passé représentant cet instant où il serrait son fils adoptif dans ses bras après ses premières bêtises, après ses premiers mots, un avenir qu’il avait sauvegardé de ses mains. Une larme perla le long de la joue du Kebabier qui se redressa suffisamment pour voir Siegfried, le saluant d’un mouvement de la tête, alors il était resté après tout.

Souriant aux premiers mots de son client et sauveur accessoirement, Kyo essuya d’un revers de main cette larme et répondit tout en riant, se tenant tout de même les côtes le faisant souffrir à cet instant, avec le corps entier.

-  Vous avez été tout aussi impressionnant également Siegfried. Je n’aurais jamais pu arriver à temps et tout faire seul, disons qu’on s’est protégés l’un l’autre. 

Kyo ne rentra pas dans les détails, ayant reconnu, masquée par l’utilisation de son fruit du Démon, l’une des six capacités propre à certains « élus » du Gouvernement Mondial, la Marine même mais de manière plus rare, et se contenta de profiter du moment présent. Après tout, même si l’identité de Siegfried était un tissu de mensonges pour une quelconque raison, il avait répondu présent et ses mots n’étaient en rien une mascarade, c’est ce dont était certain le Cuisinier.

D’un œil ouvert, il fixa sa lame tout en écoutant son camarade de mission impossible avant de lui répondre calmement.

- A ce moment-là, j’ai cru que ma dernière heure était arrivée et j’ai puisé ma force au plus profond de mon être. Mon sabre est un peu trop capricieux et me réclame énormément si je l’utilise trop intensément mais c’est un héritage et un membre de la famille, je sais que je peux compter sur lui. 

Souriant, le regard trahissant une fatigue extrême, le Maître Kebabier ajouta ces derniers mots.

-  Merci de m'avoir aidé, Siegfried. La prochaine fois que vous... passerez au Restaurant... Je... vous ferai goûter cette saveur que j'ai trouvé ici.
Kyo sombra dans l'inconscience, loin d'un entier rétablissement et laissant son client après un service pour le moins mouvementé.