Guitares vibrantes, tambourins dansants, la musique et les voix s'entremêlaient au Bangala Solaris. Assis dans un coin du bar, sur un haut tabouret, l'angelot observait non sans sourire la danse titubante de trois saoulards. Depuis l'arrivée de Séléna, Oran n'avait de cesse de les tirer dans cette taverne. Taverne, un bien joli mots, car si on utilisait les lits, personne ne dormait dans les multiples chambres.
S'étant comme d'habitude fait planté par son compagnon pour Elijah se contentait d'observer la foule. Heureusement pour lui, celle-ci savait se montrer distrayante.

« NENNI ?! T'es sur de toi mec ?! »

Un hurlement involontaire, suffisant toutefois pour capter l'attention de l'éphèbe. Il savait se faire discret, et il lui suffisait de diriger son attention pour isoler les parasites.

« Mais si j'te dis que j'les ai vu ! Deux femmes que tu peux pas t'imaginer ! Comme dans les légendes mec, des foutus amazones ! »

Lèvres étirées par la malice, Elijah attrapa sa choppe, puis sauta de son siège. Une marche tranquille, sa main se posa délicatement sur l'épaule du beau-parleur, la poigne soudaine le clouant sur place, tandis qu'avec son plus beau sourire il engagea la conversation.

« Salutation gentlemen ! Je n'ai pas pu m'empêcher d'entendre votre conversation... Vous disiez donc, des amazones à Numendil ? »


Les rayons lunaires filtraient à peine au travers du glacier et, non loin du Poste frontière Pelican, une silhouette courrait. Recouvert d'un manteau gris, ses ailes plaquées sur son dos, notre Séraphin évoluait en chien de chasse. L'on venait après tout de lui confirmer une proie. Il dut graisser quelques pattes, mais il parvint à obtenir la localisation de leur navire.
Oh oui, l'arrivée de la Commandante de flotte d'un Yonkou ne pouvait passer inaperçue. Il y avait toujours un œil indiscret, une oreille attentive. Et quelqu'un pour en profiter.

Elijah arriva au port au milieu de la nuit. Marchant tranquillement dans la marina, il cligna lentement des yeux, déploya sa volonté dans cette petite crique. Il avait déjà repéré le navire, mais par cette double vue il inspectait non seulement les âmes à bord, mais également la structure du bateau.
Un coin tranquille, dans l'ombre, à l'abri des regards. Une inspiration plus tard il disparût, s'incarnant sur une latte d'un des énormes mâts. Accroupis dans l'ombre, il réduit le champs d'action du mantra, concentrant toute ses perceptions sur l'embarcation.
Un plan des lieux, le nombres de personnes à bord, autant d'informations nécessaires à ses machinations. Des années comme chien de la pègre lui avaient au moins enseigné à nager dans l'ombre.

Résumé:

« Je de… de… déteste cette îî.. île ! »
« Il fai-fai-fait froid… Et nos ser-ser-serpents n’ai-ai-aiment pas ça… Et nou-nous non plus ! »
Entre deux reniflements de nez intempestif, un soupir d’exaspération se fit entendre. Kagura regardait son équipage avec colère.
« Quelle bande de chochottes ! » S’exclama-t-elle avec colère. « Vous êtes des guerrières ou des chiots ? »
« Tou..tout le monde n'est-n'est pas une femme-mag-mag-magma commandante ! »
« Bon… j’ai compris. Diane ! » Le bras droit de la cornue, la seule femme à part elle qui ne semblait pas impactée par la température polaire leva la tête vers sa commandante. « J’ai une idée. »


Quelques instants plus tard, Diane avait fait venir depuis l’île une immense baignoire aux proportions anormales. Kagura pour sa part avait arraché un colossal morceau d’iceberg et l’avait mis dedans.
Elle plaça alors sa main sur le morceau de glace et fit lentement monter sa température corporelle. Il fallait faire attention, si elle agissait avec trop de précipitation elle créerait un choc thermique et le briserait en des centaines d’éclats qui pourrait même endommager le navire.

Au bout de quelques minutes, le morceau de glace avait complètement fondu, mieux encore la baignoire aux dimensions de piscine était maintenant remplie d’eau chaude. D’épaisses volutes de vapeur s’envolaient paresseusement dans le ciel alors que des cries de joies raisonnaient dans tout le bateau.
Alors que les femmes de son équipage étaient en train de se dévêtir à plus ou moins grande échelle, Diane se posta à côté de sa capitaine.

« Ce n’est pas ton genre de tolérer tant de laisser aller. » En effet, la discipline était militaire sur le navire de la cornue, un héritage de ce qu’elle avait gardé lors de ses classes.
« Nous n’avons pas arrêté depuis que nous arrivé dans le Nouveau Monde. Les filles ont besoin de souffler en attendant que nous ayons un nouveau cap. » Elle leva les yeux vers l’île. « Je n’aime pas cet endroit. » Déclara-t-elle. « Nous partons dès que possible. Je reste avec elles, je compte sur toi pour surveiller les environs. »
La chasseuse hocha la tête et s’éclipsa discrètement. Kagura quant à elle fit un rapide allez-retour jusqu’à sa cabine pour enfiler un maillot de bain.
Elle retrouva ensuite son équipage et rentra dans l’eau jusqu’à hauteur de cuisse, encore une fois frustrée de ne pas pouvoir s’immerger davantage. Avec un regard maternel, elle les regarda patauger dans l'eau chaude, assurant par sa seule présence que la température ne baisse pas.

Elle était loin de se douter qu’une paire d’yeux bien indiscrets était braquée sur elle et le reste de son équipage.