" Shin's Episode !"
« Papa ! T’es là ?! »Mon cri se fait plus prenant à mesure que je foule du pied ce bateau qui m’a vu grandir, et que j’ai vu se développer pour devenir ce Restaurant dont les journaux font parfois les éloges. Malheureusement, il ne répond pas, il n’est pas là. Ce silence que j’ai ressenti lorsque je l’ai appelé il y a des années, lorsqu’il a pris la route sans moi… Je peux encore ressentir l’enfant que je fus, celui qui était abattu par le chagrin et l’incompréhension. Je ne désespère pas pour autant, comme le disait le Papy Saeba, je suis finalement arrivé à retrouver sa trace et son Navire est là.
L’atmosphère était pesante malgré la seule présence de Frosties, qui se reposait après un rude voyage à travers les épreuves du Nouveau Monde et moi, qui laissait glisser le bout de mes doigts sur le mat, sur les marques taillées au couteau avec mon nom encore gravé dans le bois. Le regard plongeant vers celui que je fus, cette pile électrique haute de trois pommes, j’esquissais un sourire en me remémorant les périples, l’affection de mon Père dans ces moments où il ne m’avait jamais laissé tomber malgré l’adversité.
D’un pas tranquille, je longeais le pont, prenant les quelques marches qui me firent descendre jusqu’aux portes de ce Restaurant dans lequel j’eus appris à vivre malgré la mort de mes parents de sang. La nostalgie et le souvenir me bercèrent à la manière de douces notes de musique à mesure que les pensées fusèrent dans mon esprit. Kyo, cet homme qui était un inconnu et que je considérais encore à l’heure où je retrouvais ce Navire comme mon véritable père, bon et généreux mais parfois sévère et déterminé à un point où il m’effrayait en dégainant la lame maudite de la famille, Enma.
Pourtant, à chaque fois que je le revoyais dans mes rêves, il m’appelait à la manière de la lettre qu’il m’eut laissé en partant de Rosemary. Le retrouver lorsque j’aurais atteint un niveau qui pouvait assurer ma propre survie dans ce périple infini à travers le Monde. Sur cette pensée, mon sourire se fit plus franc, plus vif. Je l’aimais comme un fils pouvait aimer le meilleur des papas ! Et si son rêve devait le mener au bout du Monde pour retranscrire toutes ces saveurs correspondant à chacun de ses voyages dans son assiette, alors le mien était de l’accompagner et de le soutenir avec tout ce que j’avais appris pendant ces années sans sa présence.
« Frofro’ ! J’vais en Ville enquêter, restes près de… »Un Dragon, dans le ciel ? Mon regard se reporta instantanément sur cette créature majestueuse, impériale qui se dressait de toute sa hauteur dans les cieux de Dressrosa, créant une ombre assez intense pour se faire remarquer même des aveugles. Des explosions provenant du Colisée attirèrent tout autant mon attention, mais je gardais les yeux rivés vers ce Dragon qui semblait arriver droit au niveau du Port où je me trouvais… un ennemi ?
L’instinct animal de Frofro semblait éveillé à mesure que le bateau tanguait sous les mouvements de panique de mon compagnon de route. Voilà des années que je faisais équipe avec Frosties, et s’il s’agitait de la sorte, ce n’était certainement pas pour rien.
Tout s’enchaîna en un éclair sans que je n’aie le temps d’analyser la situation. Une boule rosée d’un seul vacarme assourdissant et bien plus impactant que les explosions provenant du Colisée quelques instants auparavant semblaient l’avoir projeté dans la direction du Dragon Blanc. La longue vue portée à l’œil droit, j’observais la scène improbable qui se déroulait sous mes yeux. Un Fugu rose ? Non… un homme-poisson visiblement semblait avoir été projeté du Colisée et tenta de s’accrocher à la queue du Dragon avant de rebondir dessus, dans ma direction !
Ni une ni deux, je lâchais mon outil de Navigation pour lever les mains vers le boulet de poisson rose, faisant appel à mes propres capacités.
Des mes mains naquirent un véritable voile nuageux, tel un oreiller volant dans lequel s’écrasa l’homme poisson que je ramenais vers moi avant de poser le nuage sur le Pont. Qu’est-ce qui se passait ici ?!
« Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Accroche-toi j’vais te donner les premiers soins ! »Il faut croire que j’eus hérité de la bonté universelle qui faisait fi de la race de mon père. Je n’avais pas assez de connaissances en médecine pour lui venir en aide de manière efficace mais je compensais en arrêtant le saignement avec des compresses de nuages, aussi douces que stérile pour empêcher toute infection…
Quelques bases de survie basée sur mon fruit que j’eus développé en tentant de survivre au Nouveau Monde.
« Argl… Mon lutin de Capitaine m’a mis dans la merde… ! J'vais lui demander six mois ... de congés... pour le mettre mal ce cien… ! »
Malgré les premiers soins, le fugu rose semblait trop atteint pour formuler une phrase complète, je me jetais à genoux, le tenant par la main pour l’aider à s’accrocher, je ne pouvais faire que ça en l’instant présent.
« La tempête… va se lever !... Vas-t-en… »Dans un dernier souffle héroïque avant de perdre conscience, il prit le temps de m’avertir du danger que je confirmais aussitôt comme étant ce Dragon qui venait des cieux pour autre chose que la récolte des pissenlits ! Heureusement, la vie de ce vaillant boulet rose ne semblait pas en danger et les compresses de nuages avaient leurs bénéfices pour stopper les plus gros saignements, une chance.
A la manière de mon père lorsqu’il faisait face au danger dans mes souvenirs lointains, je me retournais pour prendre le contrôle du Navire-Restaurant.
Une dizaine d’êtres composés de nuages se formèrent à partir des nuages que je modelais à ma guise jusqu’à leur donner forme humaine. Tous prirent leur disposition à chaque poste clé du Navire pour le manœuvrer alors que je m’empressais de donner quelques instructions à mo compagnon des mers.
« Frofro ! Prends le Navire sur ton dos, on s’arrache de là ! »
Un scintillement inquiétant semblait s’être détaché du Dragon, fonçant littéralement sur le Port et ses environs et dégageant assez de force pour en devenir palpable malgré la distance, ça puait le danger à plein nez !
Alors que Frosties remplissait son rôle, voilà qu’un Serpent d’une vingtaine de mètres fit son apparition, se liant aussitôt d’amitié virile et animale avec le Lion qui permit à ce brave animal de le seconder dans sa manœuvre d’urgence. L’instinct de survie avait parfois ses petits miracles, et une main de plus pour aider était la bienvenue !
Le « Del Janeiro » s’éloigna à toute hâte tandis que je donnais indirectement des consignes à Frosties par des impulsions envoyées depuis un fil de nuages tissé de mes pieds, allant jusqu’à lui pour lui parler de manière sommaire en morse. Mains sur le gouvernail et les soldats de nuages aux postes cruciaux pour la Navigation, j’étais assez confiant sur nos chances lorsque…
« Bordel de… ! »L’impact causé par une attaque terriblement dévastatrice, souleva une vague qui vint menacer de s’écraser sur le Navire malgré la vitesse de Frosties et de leur invité Serpent pour se dégager de là. Tant de force en un coup… un utilisateur de Haki ? Quelque part, ça me rappelait les folies destructrices auxquelles s’adonnaient parfois mon Père lors de certaines occasions. Heureusement, le temps où je n’avais que dix ans était derrière moi et aujourd’hui, j’allais pouvoir protéger le symbole du rêve de Kyo.
Rappelant mes soldats de nuages pour focaliser mes efforts sur ma prochaine technique, j’y insufflais au passage une dose suffisante de Haki à mon tour, tout en modifiant la consistance des nuages, qui devinrent consistants et extrêmement moelleux.
Un Demi-dôme de nuages qui vint à la fois absorber l’impact de l’onde de choc par cette densité moelleuse, et y appliquer les propriétés renforcées du Haki pour neutraliser assez de forces pour empêcher le pire, laissant cependant l’embarcation s’éloigner du Port sans grand mal. De condamnés à survivants, j’espérais bien qu’ils s’en tiendraient là ces terroristes !