RP !

Nombreuses étaient les îles où Kyo s’était arrêté désormais, depuis son départ du Nouveau Monde pour élargir ses horizons. Des créatures incroyables aux plantes les plus raffinées, aux effets les plus impressionnantes, le Cuisinier vagabondait au gré du vent sur Grand Line depuis quelques années déjà. Sifflotant d’une innocente manière, ses pas l’eurent guidé, loin de son Navire, avec lequel il eut accosté plus tôt dans la journée. Voile d’obscurité amené par l’immensité des arbres et de ce corps sylvestre recouvrant l’ensemble de l’île, ce sont des champignons aux effets luminescents qui attisèrent le plus la curiosité de l’homme, de ce touriste qui tâtonnait un peu partout, à la manière d’un enfant, émerveillé par de nouvelles découvertes.

Des spores… produisant de la lumière. Le Maître Kebabier sortit un calepin et un crayon avant de dessiner le croquis de ce qu’il voyait, gratifiant le tout de quelques notes explicatives sur ce phénomène. A ses pieds, un panier rempli de différentes plantes aux saveurs uniques, certains inconnues, d’autres rares mais trouvables ailleurs. Pour l'occasion, Kyo avait allégé sa tenue habituelle et avait laissé le costume dans la penderie du navire pour laisser place à un bermuda à fleurs, le tout accompagné de jolies tongs assorties et de son habituel tablier rose. A sa ceinture trônait son couteau de cuisine plus long que la moyenne, son outil de travail. Bien entendu, ses lunettes teintées répondirent présentes à l'appel de l'aventure.

Alors qu’il s’imaginait déjà se ruer vers la prochaine étendue, épargnée par l’obscurité, une plaine de taille cachée par la forêt où semblaient se réunir nombre d’espèces encore inconnues, Kyo entendit un bruit, puis un autre, de manière répétée et provenant d’une seule direction. Plus rien, ce bruit avait cessé mais donnait un angle de recherche précis au Kebabier qui leva les yeux avant de passer au peigne fin les environs…

Aucun danger immédiat, il aurait ressenti quelque chose… mais alors quoi ? ou qui ?

« Il y a quelqu’un ? Montrez-vous ! »

Kyo se tenait droit, souple sur les appuis, prêt à tout, de la fausse alerte au plus terrifiant adversaire.

RP !

« Maniel… Estellian… »

Un instant de silence suivit cette pensée exprimée à voix haute. Kyo amorça le premier mouvement, saisissant son paquet de cigarettes. Briquet dans l’autre main, il s’en grilla une devant l’Amiral en le toisant, avant d’adresser un sourire à cette compagnie inattendue.

« Amiral Maniel Estellian n’est-ce pas ? La presse a dressé le tableau de votre ascension, que je me suis fait un plaisir de suivre, comme bon nombre de personnes. »

Kyo réduisit de lui-même la distance qui les séparait et tendit sa main dans une intention aussi simple que celle de saluer le valeureux soldat de la Marine.

« Baissez vos mains voyons, je ne suis guère une menace. Je me nomme Kyo, et je suis un Cuisinier itinérant. Enchanté. »

Ambiance tendue aux premiers abords, Kyo remarqua assez rapidement le sabre que portait son interlocuteur à la ceinture mais n’en tint pas rigueur, étant lui-même armé en conséquence, le minimum pour s’aventurer en solitaire dans des terres aussi mystérieuses qu’inhospitalières sur bien des aspects. Une mission d’exploration. Le Maître Kebabier arqua un sourcil, le regard dissimulé par ses lunettes et se demanda naturellement ce que la Marine pouvait avoir à faire dans un lieu aussi reculé pour y envoyer un Amiral.

« Une personne aussi haut gradé que vous, envoyée pour l’exploration de cette île… aurais-je sous-estimé le danger potentiel que comporte son exploration ? Kebhahahaha ! Voyez-vous, je m’apprêtais à me diriger au centre de cette île atypique, pour y étudier la faune sauvage qui s’y abrite, que diriez-vous de faire un bout de chemin en ma compagnie ? »

Kyo tourna les talons, non sans aviser le Marine d’une remarque utile.

« Nous en avons pour… une vingtaine de minutes en prenant notre temps. Je ne saurai que vous recommander de ne pas vous aventurer à virevolter par ici. J’ai croisé plusieurs espèces aussi dangereuses, toxiques, qu’habiles et discrètes dans les hauteurs de cette forêt, Amiral Estellian ! Par chance, j’ai déjà réuni plusieurs plantes qui pourraient servir d’antidotes naturels efficaces en chemin. »

RP !

Poignée de main entre les deux explorateurs échangée, Kyo prit la tête de ce groupe totalement improvisé et ouvrit la voie pour le nouvel arrivant. Surpris, curieux même, il écouta sans interruption l’Amiral conter les raisons de sa venue dans ces terres éloignées de la civilisation et surtout du Gouvernement Mondial, une île qui à priori n’y était en aucune manière affiliée. Sourire en coin, il tira une latte gourmande avant de disposer des cendres qui ornait le précieux outil de détente du Kebabier dans son cendrier portatif.

« Il m’est déjà arrivé de croiser le chemin de l’un des vôtres il n’y a pas si longtemps. Je commence à croire que les Amiraux de la Marine sont tous des originaux en leur genre, mais je dois admettre que ça vous donne cet aspect humain et accessible qui se cache derrière la prestance dû à votre statut dans la hiérarchie du Gouvernement. Kebhahahaha ! »

Sans virevolter, suivant ses propres conseils, le Maître Kebabier débroussailla respectueusement le sentier inexploré, recouvert par les végétaux qui obstruaient le chemin de l’Homme. La lame tirée et aussitôt replacée dans son fourreau, Kyo ne laisse que le son témoigner de ses actions, tandis que ses pas, aussi fluides que précis au milieu du nombre impressionnant de racines traînant au sol, s’y posaient avec une méticulosité hors norme, assurément celle d’un habitué des dédales en tout genre.

Le Cuisinier tira de sa besace son calepin à la demande de l’homme à la chevelure écarlate. Un temps, dix mouvements, il recopia sur quelques pages vierges l’ensemble de ses notes correspondant à une étude menée il y a quelques heures déjà. Emplacements des trouvailles, cartographie rudimentaire mais lisibles, retraçant l’ensemble des endroits marqués, il arracha ces quelques copies qu’il tendit à son interlocuteur.

« Que ce soit dans les zones ombragées de cette forêt gigantesque, dans les buissons qui entourent la prairie dont je vous ai parlé aux racines qui poussent dans le sol, je vous ai consigné l’ensemble de mes trouvailles du jour et les emplacements spécifiques pour chaque ingrédient et plante. Tenez, si vous souhaitez jeter un œil, n’hésitez pas. »


Avec courtoisie, Kyo tendit le panier à son collègue de randonnée. Des baies, des feuilles vertes atypiques dont les extrémités dentelées arboraient diverses couleurs à la lumière du soleil, des racines à la texture de guimauve et d’autres trouvailles particulières, tout était à la disposition du Marine.

*crac*



Le bois se fendit sous les pas de la créature qui, d’un coup de griffe dévasta le décor sans aucune forme de procès. Une chaîne alimentaire stricte, implacable et dans laquelle l’Homme n’avait pas nécessairement la place la plus élevée. Kyo toisa la créature qui s’approcha bruyamment des deux randonneurs, une apparence de tigre mais dotée de dents de sabres, d’une taille colossale, sa tête atteignant facilement les quinze mètres de hauteur, le tout à quatre pattes. Un pelage blanc fourmillant de feuilles mortes mais surtout des cornes qui ressortaient de l’ensemble de son corps, des pattes jusqu’au dos, lui offrant des défenses naturelles redoutables. Le Kebabier nota un détail subtil mais vital, les pattes du prédateur, ses crocs et sa gueule étaient gorgées du sang des bêtes qu’elle avait chassé il y a peu de temps, à en croire les gouttes de sang perlant encore, s’abattant au sol.

« Vous avez une très bonne intuition Amiral Maniel. Malheureusement, je pense que cette créature ne se pose pas ce genre de questions au quotidien… Il va falloir trancher et se décider rapidement. »

Kyo affichait un air calme malgré la situation oppressante qui se présentait soudainement à eux. Main sur la poignée de son sabre, il était prêt à riposter et faisait face à l’adversaire qu’ils avaient en commun. Ne jamais montrer son dos au chasseur animal, lui adresser une aura menaçante, tout en conservant le mystère afin de figer l’assaut de l’être assoiffé de sang, le Cuisinier avait l’expérience de ce genre de confrontation inévitable, mais garda de l’œil le Marine, curieux de voir ce que le haut gradé pouvait bien avoir sous la pédale pour se tirer de ce mauvais pas.

RP !

Silencieux face à la menace, c’est d’un œil inquisiteur que Kyo toisa la scène de la confrontation. Sourire aux lèvres, il assista à la mise au tapis du Tigre à dents de sabres sans délais de la part de l’Amiral de la Marine, qui n’eut utilisé que son poing pour venir à bout de la créature. Une frappe nette, précise et un déplacement parfaitement réalisé.

« Je n’en attendais pas moins d’un homme de votre calibre. Kebhahahaha ! Avançons, nous ne devrions plus être loin de la fameuse prairie. »

Avis partagé, le Maître Kebabier ouvrit tranquillement la marche, toujours sur ses gardes après cette première rencontre de la faune impériale de Big Garden. Voilà quelques heures que le Cuisinier arpentait les denses végétations qui constituaient la ceinture sylvestre colossale de l’île, et ce tigre n’était qu’un amuse-bouche en comparaison avec la dangerosité des plus féroces prédateurs présents, tapis dans l’ombre de la forêt.
 
« Il y a tellement à découvrir sur cette île… Voir une personne aussi curieuse et ouverte d’esprit sur les merveilles que peuvent nous apporter la nature, voilà qui me met du baume au cœur, Maniel. Puis-je vous demander quels sont vos rapports vis-à-vis de la flore en particulier ? Seriez-vous médecin ? »

Naturellement curieux, le fil de la conversation se déroula seul devant Kyo, qui le suivit sans peine, une occupation aussi simple qu’agréable qu’avoir de la compagni. L'explorateur avança prudemment à travers la dense forêt de l'île. Il se dirigeait vers cette prairie située au centre de l'île, un endroit mystérieux et fantastique, et il était déterminé à la retrouver. Après des minutes de marche, il arriva finalement à l'orée de la prairie en compagnie du Marine.

Sous la remarque pertinente de Maniel, Kyo toisa sa propre tenue, aussi inconsciente que décontractée et se mit à rire de bon cœur.

« Kebhahahahaha ! Vous m’avez bien eu je l’admets ! Profitons de ce cadre pour laisser de côté toutes ces formalités qui vous entravent mon brave. »



Les derniers rayons de soleil de la journée éclairaient doucement les vastes champs de fleurs multicolores qui s'étendaient devant lui. Des papillons volaient partout, s'envolant en essaims de fleur en fleur. L'herbe était si haute qu'elle lui arrivait à mi-taille, et il se sentait comme un nain dans un jardin de géants.

De nombreux animaux paissaient dans la prairie, des lapins sauvages, des cerfs, des faisans et des oiseaux aux couleurs chatoyantes. L'explorateur observa avec émerveillement un couple de chevaux sauvages galoper dans les champs, leurs crinières flottant au vent.

Au loin, il aperçut une petite rivière sinueuse qui serpentait à travers la prairie, ses eaux cristallines reflétant les rayons du soleil. Il entendit le son apaisant de l'eau qui s'écoulait doucement, accompagné du chant des oiseaux et du bourdonnement des insectes.

C'était un endroit paisible et enchanteur, mais l'explorateur savait que la nature de l'île était impitoyable et que des créatures monstrueuses pouvaient surgir à tout moment. Il se rappela les histoires qu'on lui avait racontées sur les vouivres, les tigres à dents de sabre et les Dragons qui rôdaient dans les environs.

L'explorateur se mit en garde, conscient que cet endroit paradisiaque pouvait se transformer en un véritable cauchemar à tout moment. Il savait que sa survie dépendait de sa prudence et de sa perspicacité. Mais pour l'instant, il se laissa bercer par la beauté surnaturelle de la prairie, savourant l'instant présent.

« De l’eau, assurément potable à en voir les animaux qui s’en abreuvent. L’endroit m’a tout l’air d’un sanctuaire de tranquillité pour la faune la plus désarmée mais restons sur nos gardes, le calme et la tempête ne sont jamais éloignés l’un de l’autre. Faisons halte par ici pour y installer un campement de fortune, nous aurons besoin de bois sec pour allumer un feu… et éventuellement chasser de quoi préparer un repas consistant, je commence à avoir un petit creu, kebhahahaha ! »

Kyo s’avança le premier en direction d’un rocher conséquent qui trônait au milieu de cet environnement accueillant.

« Séparons-nous, je m’occupe de chasser et cueillir de quoi manger convenablement. Pouvez-vous vous occuper de l’eau et du bois sec pour le feu ? »

RP !

Kyo mima étrangement la gestuelle de fumeur qu’il entretenait depuis de nombreuses années tout en écoutant l’Amiral s’exprimer sur la nature fleurissante qui s’étendait face à eux. Il arrêta son tic, lorsqu’ils atteignirent le rocher qui allait leur servir de point de repère dans cette flore immense. Un simple intéressé par la botanique donc ? Le Kebabier se mit à sourire lorsque l’homme en face de lui se décrivit d’abord au travers des remarques de ses collègues, avant de s’émerveiller le plus simplement du monde sur les merveilles que proposait Big Garden.

« C’est grâce à des personnes, attentives aux simplicités plaisantes que propose la Nature et respectueux de ces valeurs que les gens gardent la Foi, Maniel ! Si vous n’êtes qu’un éclaireur, vous êtes celui qui assure la sécurité des personnes qui travaillent avec vous et rendent l’exploitation de ces ressources possibles, pour le plus grand nombre. Mon travail me pousse à emprunter un chemin similaire au votre vous savez, je suis un Cuisinier qui, en première ligne, explore au péril de sa vie parfois les sentiers inexplorés pour proposer en une assiette toutes ces richesses découvertes. C’est tout à fait honorable comme rôle à mes yeux, kebhahahaha ! »

Les notes florales qui circulaient dans l’air étaient aussi merveilleuses à contempler qu’à sentir. Une immersion dans un cadre de paix, dans un lieu qu’aucune guerre n’avait souillé, une expérience agréable que vivaient les deux hommes. Pendant que le Marine semblait correspondre avec ses troupes postées sur l’île, le Kebabier observa les alentours, avant de répondre à son collègue d’exploration.

« Vous avez là une fine équipe mon brave ! »

Sourire moqueur adressé à Maniel, Kyo siffla soudainement, de manière accentuée afin que le signal émis porte assez loin pour attirer l’attention d’une paire d’oreilles en particulier. Depuis l’orée de cette forêt qu’ils avaient traversé il y a quelques minutes déjà, un cri animal se fit entendre, attirant le regard de l’homme au tablier.

« Kiiiiii ! »

« Ah te voilà Kirara ! L’île est dangereuse tu sais ? Ne t’éloigne pas trop. »

Bondissante, Kirara s’agrippa au dos de son Maître avant de s’asseoir sur son épaule, fixant avec intérêt l’inconnu, remuant légèrement ses deux queues.

« Je vous présente notre chat-renard de garde pour cette expédition, Kirara. C’est à la fois la mascotte de mon Restaurant, mais une alliée de poids pour notre exploration. D’ailleurs, elle restera avec vous le temps que j’aille chasser. A très vite ! »

Kyo prit assez d’impulsion pour bondir en avant et disparut dans l’ombre de la forêt en quelques instants. Ralentissant le rythme de sa course, il gagna en furtivité et longea le cours d’eau qui s’étendait le long de l’île et des étendues sylvestres qui l’entourait. Plantes et baies récoltées, s’apparentant à de parfaits condiments, du sucré au salé, du doux à l’épicé, la variété proposée par la nature était impressionnante. Observateur, le Cuisinier s’approcha depuis les hauteurs des arbres du poisson qu’il observa pendant une bonne demi-heure. La partie de chasse de cet animal dans son habitat naturel fut consignée en détail par Kyo qui griffonna quelques informations relevées dans son carnet, avant de dégainer Enma.

Coup d’estoc tiré avec une vélocité qui ne laissa comme empruntes que la détonation de l’air et l’impact s’abattant sur sa cible, le Maître Kebabier ramena avec lui une belle bête, un poisson-lapin, de la taille d’un sanglier sur son épaule en sifflotant. Au pas de course, il revint au camp, souriant devant l’Amiral qui semblait d’être acquitté de ses tâches avec une bonne aisance.

« Magnifique feu de camp Maniel ! Je saurai en faire bon usage, kebhahahaha ! »

Il déposa l’animal chassé et abattu dans les règles de l’art, avant de s’éloigner de quelques mètres un instant. Saisissant un autre rocher après l’avoir découpé horizontalement en un éclair, le Cuisinier transporta son plan de travail improvisé avant de le dépoussiérer et le posa à côté du feu de camp. Quelques grandes feuilles disposées pour y travailler le poisson et il se mit à l’œuvre sans plus tarder.



Une série de mouvements, illisibles à l’œil nu, permit à Kyo de dépecer l’animal avec une précision extrême en quelques secondes. Les bras de l’ouvrier semblaient danser, se démultiplier dans un ballet d’images rémanentes alors que le produit était traité avec une douceur extrême et un respect soigné, ne laissant finalement sur la table que les parties à cuisiner, aux mains du Chef.

« Dites-moi Maniel, je comprends que la Marine porte de l’intérêt à ce coin de paradis. Mais, de quelle manière comptez-vous exploiter ces ressources qui nous entourent sur le long terme ? L’île est probablement occupée par des humains qui ne sont guère affiliés au Gouvernement Mondial… Tant que nous ne causons aucun grabuge, l’exploration de ces terres est possible de manière pacifique, mais si une exploitation est mise en place, un conflit pourrait en résulter. »

Kyo poursuivit la conversation avec son interlocuteur tout en préparant le repas, montrant une polyvalence qu’il maîtrisait avec aisance. Il sortit de sa besace tout le nécessaire pour préparer une belle panure, de la farine qu’il avait préparé à partir de baies de blé, des œufs qu’il avait soigneusement conservé pour l’occasion… et une chapelure qui était en fait un paquet de chips, plaisir gourmand du voyageur. Il confectionna dans la roche des ustensiles utiles comme des bols qu’il nettoya soigneusement avant de battre les œufs à l’aide de baguettes en bois. Sifflotant, il réduisit en poudre les plantes déjà sèches pour en faire des épices qu’il mélangea à la chapelure avant d’y passer la viande. Une texture originale et ferme, celle du gibier – lapin -, parfaitement combinée à celle du poisson apportait au naturel des saveurs et une profondeur gustative rare.

Il déposa le tout au-dessus du feu, avant de laisser la cuisson faire son œuvre. A mi-cuisson, il prit soin de retourner la viande et la laissa cuire doucement. Pour le dressage, une fois la préparation achevée, il disposa sur une feuille la portion de viande panée, croustillante à l’extérieur et juteuse à l’intérieure. Quelques baies en accompagnement, et trois sauces aux notes épicées, sucrées et acides, pour redonner une série successive de souffle novateur au tout.



« Et voilà pour vous mon brave ! Vous m’en direz des nouvelles, Kebhahahaha ! »

RP !

Il n’y avait pas de plus grande satisfaction que celle de voir sa cuisine, ses plats être dégustés pour l’homme au tablier. La collation, dont il prit part pour se rassasier à son tour en compagnie de Kirara, vira légèrement lorsque l’Amiral répondit aux questions du Civil sur les objectifs concrets de la Marine quant à Big Garden et son écosystème sur le long terme. Kyo s’en grilla une autre, écoutant son interlocuteur attentivement, sans lui mettre davantage de pression sur les épaules. Même un Amiral avait des supérieurs à qui rendre des comptes, c’était une évidence que le Kebabier n’ignorait pas vraiment.

« Je vois… Ma question est idiote, vous êtes le fer de lance du Gouvernement après tout, vous suivez les ordres vous aussi, Kebhahahaha ! »

Souriant face à la tentative d’embauche du Marine, le voyageur haussa les épaules en tirant une latte, relâchant la fumée qui se dissipa lentement, au gré du vent, de la douce brise qui soufflait alors.

« C’est ma liberté qui donne à ma cuisine tout son potentiel ! Puis entre nous Maniel, l’uniforme et les ordres ne me conviennent pas ! Par contre, qu’il s’agisse du plus remarquable des Marines ou du Pirate le plus condamnable, un être qui a faim et qui frappe à ma porte sera accueilli et nourri de la même manière. C’est aussi ça qui fait que je ne peux pas m’engager dans un camp ou un autre lorsque je suis derrière les fourneaux… Je dois être capable de tendre la main à quiconque, d’assurer ma neutralité, le temps d’un repas bien chaud. D’ailleurs, vous seriez toujours le bienvenu chez moi si nos chemins venaient à se recroiser au détour d’une nouvelle destination. »

Baillant ouvertement, Kyo hocha de la tête pour affirmer son accord et accepta sans discuter le plan de l’Amiral. Tête posée sur sa besace plus confortable qu’à première vue, il ferma les yeux après quelques minutes, fort d’une fatigue qui le suivait de près, bien avant son arrivée à Big Garden.

« Oui, merci Maniel. Je vous laisse… la suite… »

Le crépitement du feu, la lumière qui agissait comme une veilleuse pour le Maître Kebabier. Tout cela l’emporta progressivement dans le monde des songes, tandis que sur son ventre, Kirara s’était à son tour recroquevillée, recouverte par ses deux queues au pelage épais, l’œil ouvert en territoire inconnu, l’instinct de la bête, assurément.


« … John, tu me reçois ? John !! »

« Qu’est-ce qu’il y a, Mei ? On va bientôt lancer l’opération alors ramènes toi vite au point delta ! »

« Je viens de tomber sur un navire de la Marine en observant le large. »

« … Quoi ? Merde, mais qu’est-ce qu’ils branlent ici ces guignols en bleu ?... Bon, prépare le navire, on s’occupe des gêneurs ici et on file comme prévu. La Marine ne changera rien au plan si on évite de leur chier à la gueule. »

« Toujours aussi glamour. Lance le compte à rebours à deux minutes et déguerpis John. Gatcha.»


Une explosion souffla le décor, provoquant une déflagration dont le son parvint aux explorateurs. Le souffle dégagé se faufila à travers les arbres millénaires robustes et atteignit la clairière, réveillant la flore sauvage. Les animaux, pris de panique fuyaient, s’élançant dans la direction opposée à cette catastrophe surprenante.

« Qu’est-ce que… !? »

Kyo avait instantanément ouvert les yeux, réveillé par l’onde de choc qui fit gronder la terre et l’air sur des kilomètres à la ronde. Au loin, les deux campeurs purent apercevoir au nord, par-delà la ceinture sylvestre qui entourait ce décor paradisiaque une colonne de fumée, des flammes se propageant progressivement à travers la forêt.

« C’est mauvais… »

Le Maître Kebabier s’élança aussitôt, courant jusqu’à grimper en un instant à la cime d’un arbre gigantesque d’où il put voir le carnage. Un incendie déjà bien avancé, dont la forêt en était un parfait carburant.



« Ce n’est pas naturel. Les autochtones ne feraient jamais rien contre ce sanctuaire vert qui les abrite. Une attaque, je ne vois que ça. Maniel, demandez à vos troupes d’inspecter la côte, à la recherche d’un navire quelconque où d’une présence suspecte. Je me rends de ce pas à la mer, prélever l’eau de cette rivière serait mortel pour toutes les espèces qui y vivent et nous n’en aurions pas assez pour contenir un tel déluge. »

Kyo tourna les talons et avisa l’Amiral de quelques mots avant de disparaître avec Kirara.

« L’ennemi est encore inconnu et a certainement planifié son coup. Soyez prudent, la connaissance des lieux couplé à notre manque d’informations et le manque de visibilité peut nous coûter cher. Je reviens au plus vite ! »

S’élançant à toute vitesse, il accourut vers la mer, puisse-t-il arriver et agir à temps.

Ennemis principaux:

RP !

Le temps était compté. Au loin, l’incendie gagnait en ampleur à mesure que la chaleur ambiante grimpait à toute vitesse, au milieu des cris de la faune sauvage, alertée par la destruction progressive de leur habitat. Appuis enfoncés dans le sol qui se craquelait sous les pas du Kebabier, ce dernier gagna en vitesse en dévorant les mètres, les kilomètres qui le séparait de la côté et de la ressource abondante qui pouvait encore avoir un impact dans une telle situation.

Il ne fallut qu’une poignée de minutes supplémentaires pour qu’au loin se dessine sous les yeux du sprinteur l’orée de la forêt gargantuesque, donnant sur la mer, calme, paisible. Scrutant rapidement l’horizon, le Maître Kebabier attira l’attention du navire aux armoiries de la Marine, criant sans s’arrêter, dans la hâte, la précipitation que nécessitait une pareille situation.

« ELOIGNEZ-VOUS D’ICI AU PLUS VITE ET LONGEZ L’ILE DE CE COTE, L’EXPLOSION S’Y EST PRODUITE, L’AMIRAL MANIEL EST PARTI DEVANT POUR COINCER LES RESPONSABLES ! CRAMPONNEZ-VOUS AU NAVIRE ET TRANSMETTEZ LE MESSAGE A VOTRE SUPERIEUR, QU’IL S’ABRITE EN HAUTEUR ! »

Ca va secouer un peu… mais je n’ai pas le temps de faire dans la dentelle. Les arbres devraient tenir le coup.

Une synchronisation parfaite entre le maître et son animal de compagnie. Kyo s’élança d’un bond surpuissant, à la surface de l’eau avant de poser la main sur la poignée d’Enma. Il était temps de se déchaîner un bon coup.






Lame dégainée, Kyo employa l’intégralité de ses ressources, recouvrant sa lame d’un puissant flux de Haki avant de provoquer un mouvement de rotation gargantuesque au-dessus de l’eau de mer. Plusieurs bras naissant au fil des images résiduelles qui se superposèrent au milieu du tourbillon qui se forma autour du Cuisinier. Kirara amplifia aussitôt cet effet de rotation. Plusieurs flèches intangibles se matérialisèrent autour du Meito de Kyo, tandis que ce dernier provoqua à l’aide du courant d’air déchaîné un mouvement ascendant tout en accélérant la rotation et la vitesse des coups portés pour brasser un maximum d’air frais au-dessus de cette masse aqueuse chaude.



Une trombe marine se forma progressivement autour de l’homme au tablier, pris en tenaille autour de cette masse colossale qui tourbillonnait autour de lui. Ni une ni deux, il dégaina son rameau et fit apparaître une multitude de ramifications qu’il contrôla à l’aide de son art à l’épée. A la manière de fouets, les ramifications amplifièrent davantage le phénomène, le tourbillon gagna encore en ampleur tandis que le sabreur lui, contrôlait tant bien que mal cette force naturelle déchaînée.

Projeté dans les airs avec un volume d’eau astronomique, Kyo grinça des dents, contractant le moindre de ses muscles sollicités, hurlant, et visant l’incendie qu’il pouvait apercevoir au loin, sa seule et unique cible.





En utilisant toute la force centrifuge qu’il redirigea brutalement vers l’avant, l’ensemble de l’eau amassée par la trombe marine fut projetée dans une vague qui prit littéralement son envol, survolant la côté avant de s’écraser massivement sous la forme d’un Tsunami de plusieurs dizaines de mètres.



Une véritable danse aqueuse produite par le Maître Kebabier, maître improvisé de l’eau, qui souffla dans un grondement incontrôlable, se faufilant au travers des arbres pris dans l’incendie, avant de souffler la quasi intégralité des flammes destructrices.

Le souffle du vent projeta Kyo qui s’écrasa violemment au sol avant de rouler sur une centaine de mètres, traînant avec lui roches déracinées du sol et un nuage de poussière conséquent. Si le Haki l’avait grandement protégé de l’impact et de la chute, ses bras tremblaient, la douleur qui le lançait était si vive, qu’elle le fit grincer des dents alors qu’il se relevait péniblement après cet effort surhumain.

RP !

« Je ne m’attendais pas à moins de la part d’un Amiral, kebhahahaha… argl ! »

Haletant, les membres encore engourdis de Kyo ne lui permirent pas d’agir aussi vite qu’il l’aurait souhaité. Retrouver son compagnon de randonnée pour s’assurer que tout s’était correctement passé était une chose, mais le choc de la chute, combiné à la force déployée pour attirer autant d’eau à la surface de l’île avait eu des répercussions momentanées sur son corps, lourdement éprouvé et sans le moindre échauffement.

Le dos appuyé contre un rocher dans lequel il était encastré, sa main caressa doucement le pelage de Kirara qui était à ses côtés pour le protéger. Ses bras souffraient, mais ses jambes avaient été épargnées, permettant au Maître Kebabier de se relever, péniblement. Les vagues soufflées par Maniel, les habitants étaient sauvés. Kyo esquissa un sourire et se mit en route, marchant sans trop forcer pour préserver ses forces, lorsque, la détonation d’un tir perfora le mur du son, atteignant les oreilles du Kebabier à l’instant où son Haki de l’Observation, en alerte, le prévint du danger. Un demi-pas en arrière, l’acte qui séparait la vie de la mort, une écorchure sur la joue du Cuisinier, qui aurait également pu être le dernier instant de sa vie.

Sans un mot, Kyo s’immergea dans la forêt, zigzaguant entre les arbres jusqu’à se poser, dos contre le tronc d’un arbre immense qui avait encaissé le déluge aqueux qui avait soufflé les flammes. La nuit était déjà tombée, et l’incendie n’était plus qu’un mauvais souvenir, réduisant la visibilité au strict minimum dans cette ceinture sylvestre extrêmement dense. Trajectoire de la balle, la direction du vent, sa puissance, la topographie des lieux, l’homme au tablier tentait d’assimiler visuellement les éléments importants de son environnement sans aucun temps mort. La végétation était bien trop dense pour permettre à un tireur lambda de faire mouche sans avoir préparé le terrain, d’autant plus la nuit tombée.

« Un sniper, talentueux, très talentueux… Qu’est-ce qu’un tireur de votre acabit veut prouver en abattant un homme à moitié nu ?! »

Une provocation portée par le haussement de la voix du Kebabier. La logique voulait que Kyo ne parle pas et tente de camoufler sa présence autant que possible, mais ce dernier voyait la chose différemment. Si l’homme embusqué dans la végétation et le voile de la nuit était indétectable, lui par contre, ne semblait rencontrer aucun problème pour atteindre une cible dans des conditions extrêmes.

« … Tu n’es pas ma cible, mais tu as évité mon tir. Amusons-nous un peu le guignol de cirque. »



Le bruit des feuillages laissa les mots du tireur planer, quelques secondes de silence s’écoulant alors. Plusieurs directions, une voix portant sur la gauche, puis sur la droite. Un Maître dans l’art de traquer ses proies, et qui avait vu clair dans le jeu de sa cible.  Le Tireur amorça un nouveau tir et visa l’homme au tablier rose. Puissante, pénétrante, la seconde balle pulvérisa par le simple effet de rotation que lui avait donné le sniper, l’arbre immense qui servait de support au Blond. Les coups de feu et les explosions qui suivirent ravagèrent la forêt, arbres après arbres, tandis que Kyo poursuivait tant bien que mal sa course, zigzaguant de gauche à droite, virevoltant pour échapper à son poursuivant.

Pourtant, quelque chose ne collait pas. Des tirs aussi précis venaient simplement s’écraser sur les obstacles, et non sur Kyo, alors qu’il en était conscient lui-même, ce tireur avait probablement toutes les qualités lui permettant de distinguer sa cible en pleine nuit, en pleine forêt. D’un mouvement net, il ancra son pied dans le sol, craquelant et faisant se lever ce dernier autour du Kebabier.

« Vous voulez gagner du temps. Quel est votre objectif à la fin !? »

Plus un tir. Le silence regagna la forêt, mais toujours aucune trace du traqueur qui continuait à se terrer dans l’ombre, sans en démordre.

« Tu n’as pas besoin de le savoir abruti. Dans tous les c… »



Depuis quand était-il obligatoire de crier ses noms de technique pour en décocher une dans la direction immédiate d’où venait la voix de John ? Une demi-heure, voilà le temps dont le Maître Kebabier avait besoin pour récupérer ses forces et ses sensations dans les bras. Mouvement amorcé en un éclair, c’est une véritable rafale de lames tranchantes, tirées avec toute la vélocité d’un iaido poussé à son paroxysme, qui souffla le bout de forêt qui faisait face au bretteur.

« … Tiens ? »

D’un œil inquisiteur, Kyo toisa la scène du carnage, avant de s’élancer à la recherche de son poursuivant, porté disparu. Un sourire espiègle vint accueillir le constat de sa simple fuite. D’un nouveau bond, aidé par Kirara, le Kebabier prit son envol, se dirigeant vers la clairière et cherchant Maniel du regard. Il devait le tenir au courant de ce qu’il avait vécu et éviter une mauvaise surprise.


« Glihihihi, c’est tellement simple de voler quelques paumés de la forêt. »

Dans les mains de la femme, une arme qu’elle tenait fermement alors qu’à ses pieds, deux cadavres gisaient au sol. Elle sembla tenir un morceau de papier qu’elle se hâta de ranger dans son sac avant de suivre ses propres instructions : se replier en direction de leur repaire temporaire avant de décamper de l’île, le butin obtenu.

A peine était-elle sortie, qu’un cri s’éleva, suffisamment pour porter jusqu’au groupe d’indigènes où se trouvait l’Amiral de la Marine. Devant la mort de ses compagnons, une jeune fille venait de tomber à genoux, traumatisée par la vue de ces cadavres. Une troisième balle fit revenir le calme, mais il était déjà trop tard, et le temps pressait désormais.

RP !

John était parvenu à semer l’enquiquinant homme au tablier qui s’était montré beaucoup plus dangereux qu’il ne l’avait prévu. La présence d’un Amiral de la Marine était une chose, et il était persuadé d’avoir la situation sous contrôle en profitant de l’avantage du terrain et de l’expérience qu’il avait dans des conditions extrêmes comme celles de Big Garden en pleine nuit. Pourtant, la simple présence de ce touriste remettait en cause l’intégrité de sa partenaire et de leur réussite.

Aussi, il prit la main, profitant du carnage engendré par la contre-attaque de Kyo pour disparaître et courir en direction du village dans lequel il allait pouvoir retourner les choses à son avantage. Ni une, ni deux, il se hissa en hauteur, à la cime plus que dense, confortable pour s’y installer et sortit son mini escargophone de communication.

« Mei. Tu me reçois ? Quelle est la situation ici ? Pourquoi tu es encore là ? »

« … L’Amiral de la Marine… il est là, dans la maison en face de la mienne… »

Voix haletante, souffle court, John en déduisit un début d’affrontement et un statut quo dont elle ne pouvait pas se défaire sans se heurter à l’un des trois piliers offensifs de la Marine. Le Sniper projeta aussitôt sa vision au-delà de la matière, visualisant l’ensemble du village et des alentours. Au loin, le Kebabier courait le long de la clairière et semblait se diriger vers ce village qu’il observait.

« Je te vois, tu es blessée… le salaud ! L’autre gêneur devrait mettre quelques minutes à arriver, c’est largement suffisant. »

Fusil sorti une nouvelle fois, il arma son tir et visa le rebond multiple pour décocher une balle qui parviendrait à coup sur dans sa cible, en réduisant au minimum ses chances d’esquiver… Le tout était d’anticiper la réaction de l’Amiral, qui avait déjà trop à faire avec Mei, pour viser un moment de relâchement et tirer dans la seconde.

« Vous vous relâchez, Monsieur le Tireur ! »

Etouffer le moindre de ses pas était une chose possible pour quelqu’un qui avait la possibilité de léviter. Il le savait lui-même, le Haki était une arme à double tranchant qui mobilisait énormément de concentration mentale pour en tirer le maximum. C’était le temps mort qu’il fallait pour retrouver sa piste depuis le ciel, et lui tomber dessus.  Lame dégainée, la pointe toucha la nuque de John, laissant couler le long du sabre un filet écarlate qui trouva le sol, goutte par goutte. Kyo esquissa un sourire espiègle, le même que celui de tantôt, mais cette fois, il avait empêché une tentative dangereuse.

« Lâchez votre arme, laissons ces deux braves personnes régler leurs affaires. Comment le prononcent-t-ils chez la Marine déjà… ? Ah ! Vous êtes en état d’arrestation. Kebhahahaha ! »

Le Civil bluffait habilement, un mouvement trop brusque des bras trahirait son impuissance momentanée, celle qui l’empêchait de porter un coup assez violent à son adversaire pour l’assommer et aider davantage Maniel à régler le problème. Kyo utilisa toutes ses forces, se posant auprès du membre de la Pègre, pour tenir Enma et garder cette crapule sous contrôle.

Le deux contre un avec une balle mortelle à portée de l’Amiral qui en était la cible, redevint un combat singulier. Un peu de repos, et un spectacle à ne pas louper, assurément.

RP !

« Enfoiré ! Lâche-moi ! »

« Lâchez ce fusil, je ne me répèterai pas. »

La pointe du sabre toujours collée de près à la nuque du sniper débusqué, Kyo imposa ses mots d’un ton impérieux. L’incendie de forêt, les meurtres auxquels ce groupe avait consenti pour atteindre leurs objectifs, c’était quelque chose que le Civil ne tolérait pas.

« Vous étiez prêts à anéantir toute cette vie abondante pour de la gloire ? De l’argent ? Je peux vous proposer autre chose. »

Les traits de l’homme au tablier se déformèrent lentement. A travers ses lunettes teintées de bleu, c’est un regard assassin qui se posa sur John.

« Un aller simple en enfer, est-ce que cela vous convient ? »

Kyo n’avait qu’à lever sa lame et l’abattre sur sa cible, là, tout de suite pour en finir. Le sang bouillonnant, ses idées s’obscurcirent et son jugement altéré par le ressentiment qu’il avait pour ces branches avides de la Pègre, faisant passer leurs profits avant l’honneur et la vie d’innocentes personnes.

Pourtant, sa poigne se crispa au dernier moment sous le coup de la douleur, lui arrachant un grincement de dents et un relâchement qui n’échappèrent pas au membre de la Mafia. D’un geste souple et fluide, il se dégagea de la lame et pivota sur lui-même, appuis fermes sur le sol avec les mains. Ses pieds vinrent frapper de plein fouet les mains du sabreur qui lâcha Enma sur le coup.

John se redressa avec célérité, cherchant des mains ses deux pistolets, lorsque son bras droit fut agrippé malgré lui dans le tablier rose de Kyo. Soigneusement enroulé autour des avant-bras de chacun des combattants, le Kebabier se précipita et donna un violent coup de pied dans l’autre bras du mercenaire, le désarmant et faisant tomber son pistolet au sol, quelques mètres plus loin.

Les deux guerriers étaient maintenant inexorablement liés, prisonniers de cet étrange ballet mortel. Ils se tenaient face à face, leurs yeux brûlants de détermination et de rage. Leurs poings, enveloppés de l'énergie mystique du Haki de l'armement, scintillaient d'une aura menaçante, prêts à déchaîner leur puissance dévastatrice.



Les premiers échanges furent d'une violence inouïe. Chaque coup porté crépitait dans l'air, déchirant le silence de la forêt. Les impacts résonnaient comme le tonnerre, faisant vibrer la terre sous leurs pieds. Les arbres alentour tremblaient, menacés par la force brute qui émanait des deux combattants.

Kyo et John, animés par la fureur et l'adrénaline, ne faisaient preuve d'aucune retenue. Leurs poings s'écrasaient l'un contre l'autre, provoquant des ondes de choc qui balayaient les feuilles et les brindilles alentour. La confrontation était si intense que des étincelles jaillissaient à chaque collision, illuminant la scène de leur éclat éphémère.

Les muscles saillants, les veines gonflées par l'effort, Kyo et John enchaînaient les coups avec une rapidité et une précision stupéfiante. Leurs visages étaient marqués par la douleur et la fatigue, mais aucun d'eux ne montrait le moindre signe de faiblesse ou d'hésitation.

Au fil de cette lutte acharnée, il devint évident que Kyo prenait le dessus. Sa maîtrise du Haki de l'armement était supérieure à celle de John, lui permettant de porter des coups plus puissants et de résister plus longtemps aux assauts de son adversaire. Les impacts s'intensifiaient, et les forces de John s'amenuisaient peu à peu.

Finalement, le moment décisif arriva. Kyo, profitant d'une ouverture dans la défense de John, canalisa toute sa force dans un ultime coup de poing. Son poing s'abattit sur le visage de John avec une puissance écrasante, l'envoyant valser à travers la forêt, brisant les arbres sur son passage.

Le tablier qui les liait se délia enfin, libérant Kyo, victorieux et haletant. John gisait à terre, inconscient et vaincu, tandis que Kyo se tenait debout, les poings serrés et le regard plein de détermination. La forêt, témoin silencieux de cette bataille épique, semblait retenir son souffle, comme pour saluer la force et la volonté de Kyo, triomphant face à l'adversité.

« Quel gâchis. J’espère que Maniel s’en sort mieux que moi, kebhahahaha ! »